banques d’épargne durent, dans beaucoup de cas, user des délais qu’elles sont autorisées à fixer à leurs cliens pour les rembourser. On s’efforça de réunir le plus de numéraire possible : le secrétaire d’État au Trésor répartit entre les banques nationales, comme la loi l’autorise à le faire, la presque totalité des fonds disponibles de la Confédération, qui dépassaient alors de beaucoup un milliard de francs ; des appels pressans furent adressés à l’Europe, à l’Angleterre et à la France en particulier, pour obtenir des envois d’or. La prime qui s’établit à New-York sur le métal facilita ces opérations, qui prirent un développement extraordinaire, au point que près de 400 millions de francs de métal jaune passèrent l’Atlantique en peu de semaines. Il en vint également de la République Argentine et de l’Afrique du Sud, si bien qu’on évalue à 625 millions de francs le chiffre des importations d’or aux États-Unis au cours de l’automne 1907. Les exportations de céréales et de colon qui atteignent ordinairement, en cette saison, leur apogée parurent un moment ralenties par la difficulté d’expédier à l’intérieur le numéraire nécessaire pour payer les producteurs et enlever les récoltes. Mais cette gêne ne fut que passagère, et ces marchandises vinrent bientôt fournir à l’Europe la contre-valeur des espèces dont elle se dessaisissait. En même temps les achats des Américains dans l’Ancien-Monde ont diminué au cours de la crise, de sorte que la balance commerciale leur permet pour l’instant de conserver sans difficulté le métal qui leur a été expédié.
Celui-ci toutefois est peu de chose en comparaison des quantités qu’ils en détenaient déjà auparavant et qui atteignaient 7 milliards et demi de francs. Mais ces 7 ou 8 milliards eux-mêmes ne représentent qu’une faible proportion des dépôts de banque qui, nous l’avons vu, s’élèvent, aux États-Unis, à environ 60 milliards de francs. Et si on ajoute les 1 800 millions de billets fédéraux (greenbacks), les 3 milliards de billets des banques nationales, les 700 millions de monnaies d’argent, les certificats d’argent, on trouve que les 14 milliards d’instrumens monétaires ne représentent encore qu’à peine le quart du total des dépôts. Lors donc que la confiance du public dans la solidité de ceux-ci est ébranlée, tout l’édifice est en danger.
C’est ce que le président Roosevelt a dû reconnaître au mois de novembre 1907, lorsqu’il chercha par tous les moyens possibles à rétablir la confiance, proclama que c’était le devoir de