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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/870

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LA
SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT
EN ALGÉRIE

De savoir si les lois métropolitaines doivent être, immédiatement, appliquées aux colonies, sans exceptions ni amendemens, ou si, au contraire, il convient de faire parmi elles un choix et de ne les promulguer qu’avec les précautions et les délais nécessaires pour les acclimater dans des milieux sociaux différens, si même il ne serait pas souhaitable de laisser aux colonies elles-mêmes la liberté d’en décider, c’est, proprement, tout le problème de la politique coloniale. Elle oscille entre deux termes opposés dont l’un est la politique d’assimilation sans restrictions ni réserves, et l’autre la politique d’autonomie administrative complète ; mais il y a place, entre les deux extrêmes, pour toute une série de gradations, de transitions, dont le dosage prudent permet d’adapter à chaque tempérament local les institutions qui lui conviennent.

L’histoire de la France hors de France, abonde en exemples de colonies compromises, ruinées, perdues, comme Saint-Domingue, par l’application intempestive et maladroite des doctrines métropolitaines. L’esprit français, épris de logique et de symétrie, s’est parfois laissé égarer par les dehors séduisans d’une politique d’assimilation mal entendue. Nous avons cru longtemps, sur la foi des philosophes du XVIIIe siècle et de la Révolution, que les bonnes lois sont bonnes absolument, en