politique[1] ? » Telle est, dans toute son acuité, la question : il n’en est pas de plus grave ; l’avenir de l’Afrique du Nord et de la France en Afrique y est engagé.
Nous ne saurions, bien entendu, reprendre ici toute la question des étrangers en Algérie ; il importe du moins d’exposer où elle en est actuellement et en quoi elle se lie à celle de la séparation de l’Église catholique et de l’État.
L’afflux des populations étrangères, principalement des Espagnols et des Italiens, attirés dans nos belles colonies de l’Afrique du Nord par le voisinage et par les bonnes conditions de travail et de sécurité qu’ils y trouvent, a été tel que leur nombre balance aujourd’hui celui des colons d’origine française. En Tunisie, les Italiens ont la supériorité numérique ; les Espagnols l’ont en Oranie. La loi de 1889, qui institue ce que l’on a appelé la « naturalisation automatique, » à la seconde génération, des étrangers nés sur le sol français, n’a produit qu’un accroissement apparent de la colonie française aux dépens de la colonie étrangère ; elle a créé, et elle accroît tous les jours, une population qui jouit de tous les droits civils et politiques des Français sans en avoir la mentalité. Le recensement de 1906 a le mérite de tenir compte de ces différences d’origine et de fournir à la discussion des chiffres et des documens précis. Les résultats en sont singulièrement éloquens :
Français d’origine (sans l’armée) | 278 976 | |
Français naturalisés par décret | 21 696 | |
— — par le jeu de la loi de 1889. | 95 950 | |
— — sous condition suspensive[2] | 50 798 | 170 444 |
Israélites (français) | 64 045 | |
Espagnols | 117 475 | |
Italiens | 33 153 | |
Maltais | 6 217 | |
Divers | 9 333 | |
Indigènes | 4 447 149 | |
Marocains | 25 277 | |
Tunisiens | 3 083 | |
Autres musulmans | 2 279 | 4 477 788 |
Total général | 5 158 051 |
- ↑ Victor Démontès, le Peuple algérien ; Essais de démographie algérienne, Alger, 1906, 1 vol. in-8o.
- ↑ Mineurs nés en Algérie de parens immigrés étrangers et qui, à vingt et un ans, deviendront Français en vertu de la loi de 1889, à moins qu’ils ne déclarent vouloir conserver leur nationalité d’origine.