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consciencieuse et savante étude nous permet de suivre l’évolution du talent et de la brillante carrière du peintre de Maximilien Ier et de Charles-Quint, et 447 gravures nous donnent l’idée la plus juste de son œuvre : portraits, dessins, gravures à l’eau-forte, dispersés entre trente-neuf collections publiques et particulières.

C’est également à l’époque de la Renaissance que nous transporte le livre de M. E. Rodocanachi sur la Femme italienne[1]. Il témoigne d’une connaissance générale de tout ce qui touche à son sujet, de l’abondance de son information puisée aux sources mêmes, dans les correspondances, les contes, les mémoires, les chroniques, les poèmes, les récits galans et spirituels et les chefs-d’œuvre de l’art italien ? qui nous montrent bien tout ce qu’il y eut d’intelligence et de beauté, de charme et de séduction, d’amour et de perfidie chez quelques-unes des héroïnes que nous racontent Pétrarque, Boccace, Castiglione, et que nous représentent les portraits de Titien, de Véronèse. Dans cette incomparable galerie qui résume plus d’un siècle de grâce féminine et enchanteresse et d’histoire, combien de tableaux exquis, de documens précieux, et qui nous font pénétrer dans l’intimité de la vie, des coutumes et des mœurs de cette époque incomparable !

Entre tous les livres à gravures publiés cette année, s’il en est un qui se distingue par ce double caractère d’histoire et d’art, la nouveauté et l’étendue des recherches, le format somptueux, la beauté typographique, le luxe des planches tirées hors texte d’après les photographies de l’auteur et des planches en couleurs, établies conformément à ses indications, c’est assurément cette magnifique monographie de M. Marcel Dieulafoy, véritable musée où se trouvent réunis pour la première fois les chefs-d’œuvre de la Statuaire polychrome espagnole[2]. L’on sait aujourd’hui par le témoignage des hypogées, des temples, des statues exhumées, que les Grecs, comme avant eux les Égyptiens et les Chaldéens, ne s’étaient pas bornés à l’étude des formes, mais qu’ils avaient aussi cherché à rendre la couleur des êtres mortels dont ils souhaitaient créer ou conserver l’image, et que les premières sculptures des divinités adorées par les Hellènes, celles qu’on appelait des ξόανα (xoana) furent également les premières qui reçurent des applications de matières colorées. Le chef-d’œuvre de la polychromie naturelle fut sans doute la statue chryséléphantine. En même temps que la polychromie naturelle, les artistes grecs pratiquaient la polychromie artificielle, c’est-à-dire la peinture des statues.

  1. Hachette.
  2. Hachette.