La discussion du budget à la Chambre des députés a servi d’occasion et de prétexte à désorganiser encore un peu plus notre armée. Il s’agissait des périodes d’instruction militaire, vulgairement connues sous les noms des 28 et des 13 jours, que font nos soldats réservistes et territoriaux. À mesure qu’on a réduit la durée du service, on aurait dû multiplier les périodes d’exercice : il y avait du moins une raison de plus pour les maintenir énergiquement dans les conditions actuelles, et c’est bien d’ailleurs ce qu’on a promis de faire, toutes les fois qu’on a raccourci le service actif. Mais nous assistons toujours à la répétition du même phénomène. Lorsqu’on affaiblit l’armée sur un point, on prend grand soin d’assurer qu’on la fortifie sur un autre, ce qui fait compensation. Le malheur est qu’après avoir obtenu le premier résultat, on ne tarde pas à supprimer les garanties qu’on avait prétendu garder ou même augmenter pour réaliser le second ; et rien n’est plus naturel ; ces concessions successives provenant toutes, en effet, du même principe, la recherche de la popularité, il n’y a pas plus de raison pour conserver les 28 et les 13 jours que les 5 ans ou les 3 ans de service actif, car, s’ils sont moins lourds, ils sont aussi gênans ; peut-être même le sont-ils davantage ; et l’expérience a suffisamment prouvé qu’une Chambre élue tous les quatre ans ne résiste pas à la tendance fatale qui la pousse à sacrifier les intérêts permanens du pays, même les plus sacrés, à celui de sa réélection. Le pays est sacrifié aux exigences incessantes de tous les égoïsmes individuels.
Donc, les 28 et les 13 jours sont une gêne, et depuis longtemps déjà la promesse de les diminuer, ou même de les supprimer, est tombée dans le domaine des surenchères électorales. Peut-on, en effet, en alléger la charge ? La question mérite d’être examinée, et