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AUX ÉTATS-UNIS

III[1]
LES IDÉES

Washington, s’il ressuscitait demain, se trouverait beaucoup plus chez lui à Londres qu’à New-York. Les Américains qui se révoltèrent il y a cent trente ans étaient des Anglais ; quelle que fût leur animosité contre les ministres du roi Georges, leurs mœurs, leurs idées, leurs âmes étaient anglaises.

Les Américains d’aujourd’hui n’ont plus rien de britannique que la langue ; encore y ont-ils introduit nombre de mots qui ne se trouvent pas dans les dictionnaires de la Grande-Bretagne. Quelque sympathie, un peu mêlée de snobisme, qu’il éprouve pour l’Angleterre, quelque fidèle qu’il soit aux grands tailleurs de Regent street et de Piccadilly, chez qui un élégant de Central Park, membre du Knikerbooker-Club ou de l’Union, lie manque pas, à chaque voyage en Europe, d’aller, — par économie, — commander ses costumes, tandis que sa femme s’arrange pour être invitée, si possible, au drawing-room de la reine Alexandra, le citoyen actuel des États-Unis appartient à un peuple tout différent de celui de l’Angleterre, aussi bien par la mentalité que par l’allure.

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 1er octobre 1907.