plutôt politique qu’économique, l’administration algérienne pour créer de nouveaux centres européens de culture ou pour agrandir les anciens, la population agricole européenne, d’après les statistiques algériennes, reste stationnaire depuis vingt ans ; en 1904, cette population agricole européenne est portée pour 201 032 âmes, dont 104 703 Français d’origine ; ce n’est pas tout à fait le tiers de l’ensemble de l’élément européen ; or, en 1898-99, cette même population européenne figurait pour 206 904 âmes, et, en 1887, pour 206 958[1].
Relevons encore, sans y insister davantage, que, parmi les 615 618 habitans d’origine européenne de la population municipale de l’Algérie en 1906, le nombre des Français d’origine est de 278 976, celui des étrangers européens naturalisés de 170 444 et celui des Européens restés étrangers de 166 198. Parmi ces derniers, se trouvent 117 475 Espagnols et, si l’on y joint les naturalisés d’origine espagnole, on arrive à un total de plus de 150 000 habitans de race espagnole, dont les trois quarts résident dans la province d’Oran, où ils sont presque moitié plus nombreux que les Français d’origine. Si nous entrons dans ces détails, ce n’est nullement pour provoquer l’alarme ou pour déprécier l’œuvre très belle de la France dans notre Afrique ; c’est pour porter, ce qui est absolument nécessaire, la lumière sur la nature des facultés colonisatrices que nous possédons : ces facultés sont plutôt d’assimilation que de peuplement ; mais des facultés d’assimilation ne sont pas indéfiniment extensibles ; il faut savoir les ménager et les circonscrire.
On se flattait autrefois que la population d’origine européenne en Algérie s’accroîtrait beaucoup plus rapidement que la population indigène, au point de se rapprocher graduellement de celle-ci, sinon même de l’égaler. L’expérience a démenti cette prévision qui était singulièrement superficielle. Depuis 1876, le nombre des indigènes, et cela est à l’honneur de notre domination et de notre direction, s’est proportionnellement presque autant accru que celui des Européens. On comptait 2 463 000 sujets musulmans en 1876 ; il s’en trouve 4 447 149 en 1901 ; c’est un accroissement de près de 2 millions d’âmes ; les oasis du Touat et de Tidikelt, récemment annexées, n’entrent dans cette augmentation que pour une cinquantaine de mille âmes. Le rapport
- ↑ Statistique générale de l’Algérie pour l’année 1887, pour les années 1897, 1898 et 1899, page 220 pour l’année 1904, page 232.