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offre à son patron Aubry Dombet un cadeau de 12 livres ut magis sit affectionnatus : pour se concilier ses bonnes grâces. Merment Hermet de Tarascon entre à seize ans chez le peintre Ricard, afin, dit l’acte, de s’y instruire dans l’art de peinture sur bois et sur verre. Jean Boytet de Lyon s’inféode pour cinq ans au maître Tavernery, avec congé annuel d’environ quinze jours. S’il tombait malade, le maître devrait le soigner, et l’enfant s’engage à mettre ensuite les parts doubles et à rattraper le temps perdu. Un apprenti a, comme garde-robe, deux chemises, une veste à son arrivée ; le maître devra pourvoir au reste. C’est le cas du jeune Jacques Thomas.

L’apprenti mineur fait ratifier son contrat par son père ou son tuteur, et celui-ci est responsable de son pupille. Adam du Mont, de Bourg-en-Bresse, entré chez Changenet en 1492, a fait ratifier son apprentissage par le célèbre sculpteur Le Moiturier, son parent. Mais ce du Mont était un mauvais drôle ; il s’enfuit, comme nous l’avons dit, puis, il fut emprisonné, et Le Moiturier paya 18 livres d’indemnité à Changenet.


En résumé, la France a eu aux XIIIe et XIVe siècles un grand centre artistique, Paris, qui était également un centre scientifique, grâce à son Université.

L’École artistique de Paris revint par instinct et par nécessité à l’étude de la nature, et créa une formule adoptée par les pays voisins, demeurés plus longtemps hiératiques et traditionnels.

Les artistes de cette renaissance furent d’humbles artisans, qu’ils fussent architectes, sculpteurs, orfèvres ou peintres.

L’idée protectionniste, qui réglait leurs statuts, montre suffisamment qu’ils se savaient en possession de techniques et de procédés spéciaux dont ils voulaient rester les gardiens exclusifs.

A la fin du XIVe siècle, plusieurs d’entre eux, hommes faits et en possession de toutes les ressources de leur art, sont appelés en Italie ; ainsi Jean Mignot qui accompagne Jacques Cône à Milan, pour y construire le Dôme, et auparavant Jean d’Arbois, que le Duc de Bourgogne fit venir de Lombardie pour le conduire à Bruges et l’y faire travailler (1373-1375). C’est vers cette époque que Jean d’Orléans et ses confrères parisiens obtinrent une nouvelle réglementation du métier de peintre plus en rapport avec les exigences modernes.