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Statues habillées de lierre et pagodes, couvertes de mousse, du socle de leur promontoire de rochers, marquent le chemin. Du sommet, le regard embrasse la capitale, mélange confus de pagodes et de sanctuaires, qui recouvre à nos pieds tout un plateau, puis s’éteint vers l’Occident en saisissant l’étincelant miroir de la mer. Mais, pour les enfans du pays, le Puk-Han a son titre de gloire le plus cher dans une ruine délabrée et dans le vieux château cyclopéen de la cime où, plusieurs fois au cours des âges, l’indépendance coréenne trouva un inviolable asile.


IV. — APERÇU HISTORIQUE DES TROIS ROYAUMES


Perpétué par cet acropole, combien le passé de cet ancien « pays des trois royaumes » semble difficile à saisir ! Quels furent les premiers habitans du pays ? question éternellement débattue. Les anciennes légendes, d’origine chinoise pour la plupart, ne sont qu’autant de contes de fées. Parmi les documens conservés, les plus anciens datent du commencement de l’ère chrétienne. La péninsule était alors divisée en trois royaumes : Sin-la au Sud ; Kao-li au Nord ; Pet-si à l’Ouest. Vers le xie siècle le souverain de Kao-li réunit les trois pays en un seul Empire placé sous le protectorat de la Chine. Les descendans d’Ouang-Kien régnèrent pendant plus de trois cents ans, fidèles à leurs suzerains, les empereurs mongols issus de Gengis-Khan dont ils partagèrent la chute quand surgit la dynastie des Ming. Fixés à Nanking, les souverains chinois donnèrent le trône, dans tous les pays tributaires, aux nouvelles maisons dont les services avaient facilité leur avènement. C’est ainsi qu’en 1392 le trône coréen échut au fondateur de la famille en ce moment régnante. Dirigés par les Ming, les premiers rois se révélèrent d’habiles administrateurs. Le premier de la lignée, Tai-tzo fonda Séoul, partagea le pays en huit provinces gouvernées, comme en Chine, par des mandarins, régla tout le système du gouvernement.

Durant des siècles de luttes et de révoltes intérieures qui suivirent, seuls, deux faits d’une portée internationale sont à signaler : l’invasion japonaise, vers la fin du xvie siècle, à laquelle présida le fameux capitaine nippon Taico-Hideyoshi, en possession de deux cent mille soldats ; la soumission plus complète des souverains coréens vis-à-vis des empereurs mandchous par qui les Ming furent, à partir de 1636, remplacés. Le monarque de