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Une des réformes les plus utiles dont se soit occupée la Conférence d’Algésiras, c’est la surveillance et la restriction de la contrebande des armes de guerre, qui met les tribus en état de provoquer les Européens et, au besoin, de lutter contre eux, ainsi qu’on l’a vu à Casablanca. Il serait de la plus haute importance que cette contrebande pût être réprimée. À ce point de vue, il a été fait un pas décisif, en dehors des stipulations de la Conférence. Le 21 septembre 1907, le gouvernement français a lancé une circulaire où il demandait aux puissances de lui reconnaître, ainsi qu’à l’Espagne, la faculté d’exercer un droit de visite sur les navires, autres que ceux des lignes régulières, dans les eaux territoriales marocaines. Toutes les puissances signataires de la Convention d’Algésiras, l’Angleterre elle-même, si chatouilleuse, on le sait, pour tout ce qui concerne la liberté maritime, y ont consenti. L’Allemagne ne s’y est pas refusée, en limitant seulement, mais avec possibilité de renouvellement, la durée de cette autorisation. « Le gouvernement impérial demande (dépêche de notre ambassadeur à Berlin du 28 septembre 1907) que les mesures (le droit de visite) destinées à la répression de la contrebande des armes ne soient appliquées que pendant un délai à déterminer. Si, à l’expiration de ce délai, une prorogation était nécessaire, les deux gouvernemens saisiraient de nouveau les signataires de l’Acte d’Algésiras. » Les deux gouvernemens de France et d’Espagne avaient l’intention de solliciter l’octroi de cette faculté « pour une durée d’un an, renouvelable suivant la nécessité. » Il serait désirable que ce renouvellement fût toujours accordé.

L’un des points les plus aigus du mal complexe dont souffre le Maroc, c’est la pénurie financière. Le Makhzen est dans la détresse la plus profonde. On le voit empruntant à chaque instant des sommes misérables. Le 23 janvier 1907, dans leur note au corps diplomatique de Tanger, la France et l’Espagne offrent d’assurer les crédits nécessaires pour la police de Tanger, en attendant que la Banque d’Etat puisse fournir les fonds destinés à cet objet. Le 25 août 1907, les délégués chérifiens s’adressent à la Banque d’Etat « qui ne paraît pas pouvoir donner suite à cette démarche, puis à l’agence de la Compagnie Algérienne à Tanger. « A ma demande, écrit M. de Saint-Aulaire, notre représentant, le directeur de cet établissement remet aujourd’hui même à El-Guebbas un acompte de 20 000 francs à valoir sur