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des douanes, coûtera 2 millions et demi de pesetas, soit environ 2 millions un quart de francs, en supposant que l’effectif de ce corps de police n’excède pas 2 500 hommes ; mais, s’il doit être porté à 3 800, comme c’est probable, la dépense approchera de 4 millions de francs. Voilà, pour le service de la dette actuelle et pour la police, une charge de près de 8 millions de francs à laquelle les douanes devront pourvoir. On a engagé des travaux divers pour une vingtaine de millions, dont 5 millions de marks (6 millions un quart (de francs) pour le seul port de Larache concédé aux Allemands ; il est probable que les recettes à provenir des droits de quai ou de tonnage seront loin de faire face au service des sommes consacrées à ces œuvres et qu’une annuité de 500 000 francs au moins viendra encore de ce chef peser sur la caisse des douanes. La Banque d’Etat, aux termes de l’article 55 de l’Acte d’Algésiras doit avoir déjà avancé à l’Etat le plein de ce qu’elle est autorisée à lui prêter, soit une dizaine de millions de francs, ou les deux tiers de son propre capital, et cette avance porte intérêt à 7 p. 100. Il faut tenir compte aussi des indemnités de Casablanca qui restent à régler. On voit qu’il s’en faudra de peu que la caisse des douanes ait à servir, pour tous ces articles, une dizaine de millions par an.

Il est difficile d’évaluer les recettes régulières de cette caisse des douanes. Le relevé le plus élevé qui ait été fourni du commerce marocain en porte le chiffre à 2 740 000 livres sterling (69 millions de francs) à l’importation et à 1 690 000 livres sterling (42 millions de francs) à l’exportation[1]. En frappant d’un droit moyen de 15 p. 100 l’importation, on obtient 10 millions et demi environ de droits et en grevant l’exportation de 5 p. 100, on peut y ajouter 2 millions, en tout 12 millions et demi, frais de perception non déduits ; si l’on défalque ceux-ci, on voit qu’il reste bien peu de chose disponible après les 9 millions et demi à 10 millions de dépenses privilégiées que nous avons énumérées et qui sont hypothéquées sur la caisse des douanes. Dans ces taux de 15 et de 5 p. 100 à l’importation et à l’exportation, nous comprenons la taxe exceptionnelle de 2 1/2 p. 100 qui a été autorisée par l’Acte d’Algésiras pour doter les travaux publics.

Ainsi, le Sultan se trouve quasi complètement dépourvu de ressources ; il en est toujours. ainsi quand on introduit le crédit

  1. The Staterman’s Yearbook, 1907, page 1222.