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le choix de Leiningen comme envoyé à Rome. « Mes représentations, écrivait-il pourtant à Manteuffel, n’ont pas manqué leur effet, en tant qu’elles pouvaient encore amener des résultats dans la phase actuelle. » Il insista auprès du prince régent pour que l’envoi de Leiningen n’eût pas l’apparence d’une concession à Rome. — Soit, répondit le prince, je l’expédierai comme messager, non comme négociateur. Il insista pour que Leiningen, devant le Pape, maintînt strictement les accusations portées par le gouvernement badois contre l’archevêque ; le ministre Rüdt le promit. Lorsque Bismarck quitta Carlsruhe pour aller faire la même besogne en Nassau, c’en était fait à la cour badoise de l’esprit de paix religieuse ; et les conversations ébauchées entre la Cour et Vicari aboutissaient à un renouveau d’hostilités.


III

Six mois d’expérience avaient prouvé qu’il n’existait aucun moyen pratique pour empêcher l’archevêque de nommer des curés dans les paroisses vacantes : son clergé, ses fidèles, obéissaient d’autant plus à ses ordres, que l’Etat les chicanait davantage ; et malgré l’interdiction de certains fonctionnaires, des prières publiques avaient lieu, prières d’expiation, où la foule pieuse affluait. Une autre tactique fut essayée ; elle visait à désorganiser les paroisses ainsi pourvues, en leur enlevant momentanément leurs ressources pécuniaires. L’ordonnance ministérielle du 27 mars 1854 supprima le commissaire spécial qu’on avait essayé d’installer au-dessus de l’archevêque ; redevenu légalement maître de ses actes, Vicari fut averti, une fois de plus, qu’il existait à Carlsruhe un conseil supérieur, avec lequel il devait conférer. On lui fit savoir, formellement, — c’était un aspect nouveau de la question, — que ce conseil, seul, pouvait délivrer les mandats en vertu desquels les curés seraient payés sur les revenus paroissiaux. Si donc les trésoriers des paroisses, déférant aux instructions ecclésiastiques, s’avisaient de faire des versemens, ils devenaient, vis-à-vis de l’Etat, personnellement responsables, sur leur propre fortune, des sommes ainsi dépensées. La conséquence, c’était l’immobilisation des revenus habituellement affectés à l’entretien des prêtres. Ainsi les paroisses dont les curés avaient été nommés par l’évêque