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et l’on convint qu’immédiatement après on causerait des questions de principes. Il ne s’agit point de détails, mais de principes, disait derechef Antonelli, en septembre, au comte de Liedekerque-Beaufort, qui lui portait certains projets fragment aires de la part du grand-duc de Nassau. Les États proposaient des complaisances, Rome leur demandait un changement d’attitude, et presque une conversion. Elle voulait qu’en eux le vieil homme disparût, ce vieil homme mis à mal par 1848, et qui, dans l’agonie politique où il se débattait, s’obstinait, avec une ténacité sénile, à se proclamer le maître de l’Église.

Un document fut remis aux divers plénipotentiaires, indiquant les « bases » sur lesquelles une paix devait être assise. L’allégresse alors était grande au Vatican. La proclamation récente du dogme de l’Immaculée Conception par l’initiative personnelle de Pie IX avait exalté Pie IX en même temps que la Vierge : il avait parlé, à la fois, au nom de la chrétienté et au nom de Dieu ; il y avait eu, dans sa voix, des échos d’en bas, qui traduisaient la croyance latente et l’aspiration profonde des masses fidèles, et puis des échos d’en haut, qui affirmaient et qui définissaient le dogme déjà murmuré par beaucoup de lèvres et déjà voulu par beaucoup d’âmes. Quelques mois se passaient, et la signature du Concordat avec l’Empire d’Autriche paraissait inaugurer une période nouvelle dans les rapports entre l’Église et les États : François-Joseph, parachevant l’œuvre de cette révolution même qui l’avait un moment expulsé de son trône, achevait de détruire l’édifice joséphiste ; dans la capitale même de Joseph II, c’en était fait de la domination des légistes, en qui l’Église voyait des ennemis séculaires ; il semblait que la domination des canonistes commençât. Or l’Autriche était encore la cime de la Confédération germanique : un tel précédent n’allait-il pas faire loi pour les petits États de l’Allemagne ?

Les négociations s’engagèrent, interminables : le cardinal Brunelli, puis le cardinal Reisach, les conduisirent, au nom du Saint-Siège, avec les représentans des divers souverains. Pendant qu’elles se traînaient, la situation demeurait grave en Bade et en Nassau. Vicari et le cabinet badois s’accordaient mal sur l’application de la trêve provisoire signée à la fin de 1854 : le paiement des anciennes amendes par les prêtres délinquans, la situation pécuniaire des curés nommés par l’archevêque, l’excommunication qui pesait encore sur les membres du conseil