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n’aurions pas cette voûte à pendentifs, ces arabesques, et ces jolis cartouches de la Renaissance où des enfans nus se mêlent aux fruits et aux fleurs.

Il y a à l’église Saint-Jacques de Lisieux, un vitrail de 1527, où est raconté le fameux miracle du pèlerin. Un jeune homme qui se rendait à Compostelle est faussement accusé de vol par un hôtelier de Toulouse, condamné, pendu, mais miraculeusement sauvé par saint Jacques, qui, monté sur le gibet, le soutint pendant trente-six jours. Cette curieuse verrière a été donnée par une pieuse confrérie, comme le prouve le long défilé qui en occupe la partie basse. Instruits par le vitrail de Laigle, nous y reconnaissons au premier coup d’œil des confrères célébrant la fête de leur patron. En effet, des documens écrits nous apprennent qu’il y avait dans cette église une confrérie de Saint-Jacques qui remontait à l’année 1442. Elle fêtait, comme il arrivait souvent, plusieurs autres saints, mais saint Jacques était son principal patron. C’est pourquoi il arrivait de temps en temps qu’un confrère entreprît le grand voyage de Compostelle. Ainsi s’explique le sujet du vitrail.

Voilà quelques preuves de la libéralité des confréries. Dans tous ces exemples, les œuvres parlent d’elles-mêmes. Mais la plupart du temps elles sont muettes. Seules d’heureuses rencontres dans les archives nous permettent parfois de rendre aux confréries ce qui leur revient.

Que de problèmes seraient faciles à résoudre, si nous avions la liste de toutes les confréries qu’abritèrent jadis nos églises ! Mais il ne faut pas espérer arriver jamais à cette connaissance parfaite. Beaucoup d’entre elles, sans doute, ont disparu sans laisser de trace. Mais il est certain aussi qu’on pourrait encore en découvrir un très grand nombre. Le profit serait grand ; car toutes les fois qu’un vitrail se présente sans un nom ou sans une image de donateur, il y a lieu de supposer qu’il a pu être offert par une confrérie. Ainsi, les raisons qui présidèrent au choix des vitraux, deviendraient claires.

On comprendrait aussi beaucoup mieux la vraie signification d’une foule de statues isolées qui représentent des saints. On les trouverait plus belles encore parce qu’elles paraîtraient plus touchantes. Il faut savoir leur histoire. Dans nos musées, l’amateur tourne autour, approuve ce pli, cette jolie ligne. Mais nos jeunes saintes perdent là leurs principaux moyens