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LA FRANCE
DANS L’AFRIQUE DU NORD

LE MAROC

La politique extérieure de la France s’est, depuis une dizaine d’années, principalement concentrée sur le Maroc. D’autre part, l’attention non seulement de l’Europe, mais aussi des États-Unis, s’est portée sur cette contrée depuis que l’anarchie s’y est développée dans les années qui y ont précédé 1904 et encore plus après l’éclatante manifestation faite en 1905 à Tanger par l’Empereur allemand. Le Maroc dont ne s’occupaient guère jusque-là que ses deux voisines, la France et l’Espagne, ainsi que l’Angleterre qui a des intérêts dans tous les coins du monde, est subitement passé presque au premier rang des sujets qui occupent la diplomatie mondiale ; il s’est quasi substitué, sous ce rapport, à la Turquie.

Il est, certes, naturel que la France ait pris et garde un intérêt vigilant aux choses marocaines. On n’a pas oublié la bataille d’Isly, le 14 août 1844, aux portes de l’Algérie, où le Maroc, quand il possédait encore une force agressive qu’il a perdue, mais qu’il pourrait recouvrer, échoua dans son dessein de rejeter la France hors de l’Afrique du Nord. Le traité de paix qui intervint alors, quand nous ne connaissions guère encore que le littéral algérien et que les profondeurs du pays paraissaient quasi négligeables, ne régla que d’une façon sommaire et vague les rapports entre le Maroc indépendant et l’Algérie, en train de se