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plus loin, un aperçu de l’état actuel en nous plaçant à un point de vue national, ou même local.


II

L’éducation publique au Japon est obligatoire et gratuite. Elle est en principe imitée des systèmes européens, ou, pour être exact, du système américain. Et quand on examine les institutions modernes des Japonais, on ne doit jamais oublier tout ce qu’elles ont emprunté aux Américains, qui sont, en somme, leurs plus proches voisins et qui ont été les premiers arrivés. Cette influence s’est étendue aux réformes scolaires, car du jour où le système féodal fut supprimé et les Ecoles Daimyo fermées, une école normale fut établie à Tôkyô et, tout naturellement, des professeurs américains furent invités à prendre la direction des candidats. Les étudians les plus avancés instruisaient les autres, enseignant en même temps qu’ils apprenaient. Les livres employés, quoique élémentaires, furent jugés suffisans par la Commission chargée de les examiner. C’est ainsi que l’instruction publique moderne a commencé au Japon. Le même principe existe encore malgré les changemens survenus depuis. Les deux Ecoles normales supérieures de Tôkyô (une pour les hommes, une autre pour les femmes) et une troisième école pour les provinces suffisaient aux demandes faites par les autres écoles normales dans les provinces où les futurs instituteurs des préfectures étaient élèves. Aujourd’hui, chaque préfecture a une école normale d’instituteurs et les élèves de ces institutions reçoivent des dons d’argent de l’Etat ou de la préfecture, à la condition que, après avoir passé leurs examens, ils resteront comme instituteurs à l’une de ces écoles pendant un certain nombre d’années. A côté de ces professeurs instruits et capables, il y en a d’autres d’une science moindre, qui peuvent enseigner, sans cependant posséder tous les titres. Il est très difficile de recruter dans la jeunesse intelligente et instruite un nombre suffisant d’hommes qui acceptent la tâche ardue de l’éducation.

A l’intelligence et à l’énergie les conditions nouvelles de l’existence d’aujourd’hui offrent des carrières plus attrayantes et mieux rétribuées, si bien que les candidats aux postes scolaires deviennent de plus en plus rares. La cause principale dans la difficulté du recrutement est la modicité des salaires et des