Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les opérations militaires de ces derniers jours peuvent se résumer en termes très simples. Le général d’Amade occupe avec des forces formant garnisons trois points sur la côte, Casablanca, Fedala et Bouznika, et dans les terres, à l’Est et au Sud de Casablanca, Si-Aïssa et Ber-Rechid. Ce sont les points fixes d’où doit s’exercer son action. S’étant donné pour tâche de réduire la résistance des Mzab et des Medakra, tribus à l’Est de Ber-Rechid, le général a constitué à Si-Aïssa et à Casablanca deux colonnes principales, celle du Tirs et celle du littoral, composées chacune de 1 500 hommes environ et munies d’artillerie, qui ont occupé pour la seconde ou la troisième fois Settat, et qui, de là, ont marché sur Si-Abd-el-Kerim, dans la direction des tribus à soumettre. Si-Abd-el-Kerim était le point de concentration vers lequel devaient converger, avec celles dont nous venons de parler, deux autres colonnes secondaires parties, l’une de Ber-Rechid sous les ordres du colonel Brulard, l’autre de Bouznika sous ceux du colonel Taupin. Ces deux dernières étaient sensiblement plus faibles que les deux premières, et les Marocains s’en sont tout de suite aperçus : aussi les ont-ils attaquées avec une véritable furie et les ont-ils mises en danger sérieux. Le colonel Brulard a soutenu vaillamment un combat acharné : il aurait toutefois fini par succomber sous le nombre des assaillans, si le général d’Amade, voyant le danger qu’il courait, n’avait pas envoyé à son secours. La colonne Brulard a été dégagée, après avoir eu 6 tués et 26 blessés, et elle a rejoint Si-Abd-el-Kerim. Quant à la colonne Taupin, arrêtée au défilé de Bou-Rebat par des forces très supérieures, elle s’est battue pendant deux jours et a dû repousser plusieurs assauts à la baïonnette, ce qui prouve, soit dit en passant, combien étaient grandes l’ardeur et l’audace des Marocains : ils s’étaient avancés jusqu’à portée des bras de nos soldats. Le colonel Taupin a eu 2 officiers et 7 soldats tués, 5 officiers et 38 soldats blessés. Ce ne sont pas là des pertes bien considérables ; cependant, si l’on songe que la colonne n’était guère composée que de 800 hommes, la proportion paraît assez élevée. Les pertes de l’ennemi ont été beaucoup plus nombreuses, nous n’avons pas besoin de le dire. En dépit de leur acharnement et de leur courage, les Marocains ont dû battre en retraite : ils ont été complètement défaits. Mais le colonel Taupin s’est trouvé dans l’impossibilité d’avancer davantage, et il a manqué le rendez-vous de Si-Abd-el-Kerim. Ses troupes étaient exténuées, ses munitions étaient épuisées.

Fedala étant plus rapprochée de lui que Bouznika, c’est sur Fedala qu’il s’est replié ; il y est arrivé en bon ordre, sans être inquiété,