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méharistes que de cavaliers, s’oppose aux Berabers et fait face aux rezzous qui menacent la Saoura ; la troisième, renforcée en méharistes, couvre le Gourara et le Touat tout en constituant, entre les mains du colonel Laperrine, une réserve mobile capable de se porter rapidement vers l’Ouest ; enfin, la quatrième, dont la mission se réduisit d’abord à la défense et à l’occupation du Tidikelt, étend, depuis deux ans, sa surveillance à tout le pays des Azdjers. Cette dernière se décompose ainsi : une portion centrale tenant garnison à In Salah, un groupe mobile toujours en mouvement, un groupe de pâturage dans lequel les chameaux se refont à la suite d’un raid ou d’une tournée, un groupe d’observation opérant dans l’Est. En réalité, sa zone de parcours se développe d’Hérouane à Taoudéni et, éventuellement, des confins de la Tripolitaine à l’extrême-Sud marocain. Cette compagnie du Tidikelt, vrai type de la formation saharienne, heureusement définie par M. E.-F. Gautier « une tribu nomade militairement encadrée, » a rempli dans son intégralité le programme géographique, militaire et politique que son organisateur lui avait tracé.

Par elle, sous la haute direction du commandant Laperrine et sous les ordres immédiats du capitaine Cauvet[1], remplacé en mai 1903 par le capitaine Mélois, le massif central du Sahara a été révélé et ses abords reconnus. Les itinéraires de nos officiers couvrent tout le plateau qui s’étend de l’Ahaggar au Tidikelt ; ils sillonnent le haut bassin de l’Igharghar, pénètrent fort avant dans l’Est chez les Azdjers et, plus au Sud, dans l’Aïr. Ce réseau se complète aux environs du méridien de Paris, par des levers qui aboutissent à l’Adrar, où s’effectua, le 18 avril 1904, la première rencontre des troupes algériennes et soudanaises. Plus à l’Ouest, les tournées de méharistes atteignent Taoudéni, coupent l’Erg Echagh et, par l’Erg d’Iguidi, se prolongent jusqu’aux contreforts méridionaux de l’Atlas marocain[2].

Sans prétendre nommer tous ceux qui, dans la compagnie saharienne du Tidikelt, ont participé à ce travail de découverte, il nous faut citer les lieutenans Cottenest et Guillo-Lohan qui, les premiers, nous ont révélé la Koudia de l’Ahaggar ; le lieutenant Besset qui poussait jusqu’au Tassili des Azdjers et reliait ses

  1. Bulletin du Comité de l’Afrique française, 1905. Supplément, p. 395.
  2. Consulter l’Esquisse du Sahara algérien, carte au 2 500 000e dressée en 1907 par le gouvernement général de l’Algérie.