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le Bodélé et le Borgou, où seul Nachtigal l’avait précédé ; et il préparait ainsi pour l’avenir, à la grande satisfaction des populations sédentaires, l’occupation du Tibesti et de l’Ennedi.

Au Nord même du Tchad, les exploits des nomades déterminèrent le lieutenant Ayasse à s’avancer jusqu’à l’oasis de Bilma (1904-1905) par une pointe hardie qui rouvrit aux caravanes la route de Tripoli tout en contribuant à la soumission des Ouled Sliman[1].

Une autre route se dégage, celle qui par l’Air relie notre Algérie-Tunisie au Damergou. Le capitaine Touchard, dès 1903[2], en avait jalonné de puits la partie Nord ; il compléta ce travail, l’année suivante, entre Fort-Lallemand et Témassinine, puis il continua par le Tassili des Azdjers jusqu’à Djanet, rejoignant ainsi le chemin des caravanes de Rhat et de Ghadamès[3]. À cette même époque, les Sénégalais montés à méhari du lieutenant Plomion rétablissaient l’amorce Sud de la route algérienne, en exécutant un premier raid jusqu’à Agadès, qui reçut, peu de temps après, la visite du lieutenant Jean. La nécessité d’assurer la sécurité de la région de Zinder décida le commandant Gadel à effectuer, en 1905, une longue tournée dans l’Air. C’est au cours de celle-ci qu’une section poussa jusqu’au puits d’Iférouane pour y reprendre, le 18 octobre, M. Chudeau venu d’In Salah par l’Ahaggar en compagnie du capitaine Dinaux.

Peu s’en fallut que ce jour ne marquât la première rencontre à l’Est du massif de l’Ahaggar, des troupes sahariennes et soudanaises. Les circonstances en décidèrent autrement, et les Algériens durent prononcer un mouvement du côté des Touaregs Azdjers. Ce ne fut que partie remise et l’événement tant souhaité se produisit au même point, juste à une année d’intervalle, dans des conditions identiques. Le 18 octobre 1906, en effet, le détachement algérien du lieutenant Clor, rencontrait à Iférouane le capitaine Lafforgue, chef de la section montée de Tahoua.

Cette section, opérant concurremment avec celles de Zinder et de Gouré, sous les ordres du commandant Gadel, eut alors, et

  1. Revue des Troupes coloniales, juin 1907, p. 553-582.
  2. Rapport du capitaine Touchard. Bulletin de l’Afrique française, 1906. Supplément 10-11-12.
  3. Malheureusement Djanet reste jusqu’à présent en dehors de notre action. La Porte en profite pour attirer en territoire tripolitain nos tribus dissidentes qui demeurent impunies. Il en résulte, chez les Azdjers, une effervescence qui retarde la pacification.