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de délimitation du commandant Moll puis du capitaine Tilho, dont les travaux d’abornement s’achèvent.


Sur le front enfin dégagé, qui s’étend des bouches du Sénégal au bassin du Nil, pionniers et soldats de l’armée coloniale exécutent vers le Nord une marche dont le résultat sera la conquête du Sud saharien. Incertaine au début, cette marche devient mieux assurée, à mesure que se développent et se perfectionnent, dans notre Afrique occidentale, les formations de méharistes. Au colonel Klobb revient le mérite d’avoir tenté le premier essai, en 1897. Le corps de chameliers qu’il institua était surtout destiné à la conduite des convois ; mais, l’année suivante, un véritable peloton de méharistes put effectuer sous le commandement du lieutenant de Gail, des reconnaissances au Nord du Niger. D’autres unités furent organisées dans la région de Zinder, qui, transformées en 1902 par le commandant Gouraud, fournirent deux sections montées de 50 fusils et un groupe de trente tirailleurs sous les ordres du capitaine Cauvin. Des améliorations successives permirent d’en généraliser l’emploi et, bien que ces formations n’aient pas atteint la perfection des compagnies sahariennes, on peut, dans une vue d’ensemble, apprécier les services considérables qu’elles ont rendus au cours de ces trois dernières années[1].

Du côté de l’Atlantique, chez les Maures Trarzas, que les officiers de Faidherbe avaient commencé à visiter en 1857, mais qui, plus de trente ans après, rendirent encore la tâche terriblement ingrate à un modeste et consciencieux explorateur, trop oublié, Léon Fabert[2], une section de méharistes a pu évoluer librement, atteindre l’Inchiri, s’avancer jusqu’à l’Adrar occidental, refouler les rezzous des Ouled Bou-Sbâ et des Eulabs.

A l’autre extrémité de notre empire, le capitaine Mangin, avec ses méharistes du Kanem, imposait une sévère leçon aux Tedas et aux Kreidas. De 1904 à 1906, il rayonna dans l’Eguëi,

  1. Pour cette partie de notre article nous avons plus spécialement utilisé les renseignemens contenus dans un rapport du capitaine Arnaud, qui sera inséré dans un ouvrage que MM. Arnoud et Cortier vont éditer chez Laroze sous ce titre : Nos Confins sahariens. D’autre part, la Dépêche coloniale illustrée du 15 février 1908 publie une intéressante étude du capitaine Cauvin sur la pénétration saharienne et les méharistes Soudanais.
  2. Bulletin de la Société de géographie, p. 375-392, avec carte et Compte rendu des séances de la Société de géographie, 1896, p. 31.