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ESQUISSES CONTEMPORAINES

FERDINAND BRUNETIÈRE


I
LES DEUX PREMIÈRES INCARNATIONS

Ce qu’il y a de certain, c’est que la poésie, comme aussi bien l’art en général, comme la philosophie, comme la religion, traversent en ce moment une crise dont il serait présomptueux de vouloir prédire ce qu’il en sortira. » (La Poésie intime, Revue des Deux Mondes du 1er août 1875, p. 684.)


J’aurais voulu, hélas ! esquisser, de son vivant même, ce portrait qu’il ne verra pas. Il avait sa place marquée dans cette série d’études contemporaines dont il avait approuvé le dessein avec son ardeur de générosité coutumière. Car il n’a pas été seulement, comme l’a si bien dit M. Jules Lemaître, « une grande force bienfaisante : » il a été, — MM. Barboux et Claretie le rappelaient hier excellemment à l’Académie, — il a été l’une des personnalités les plus originales et, en même temps, les plus hautement représentatives de ce dernier demi-siècle. Et l’histoire intellectuelle et morale de sa génération s’est si fidèlement reflétée à travers la sienne, qu’en étudiant l’une, c’est l’autre aussi qu’on se trouve involontairement retracer.