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Jusqu’alors, le traité de Tourkmantchaï soumettait les importations à un tarif uniforme de 5 pour 100 ad valorem. En 1901, à la suite de leurs emprunts, les Russes imposèrent la conclusion d’un traité de commerce, établissant des droits spécifiques, plus légers sur les produits habituels du commerce russe, plus lourds sur les autres. La Banque d’escompte, simple dépendance de la Banque d’État russe, s’établit à Téhéran, avec succursales dans les principales villes du Nord et du centre. Les Arméniens, les musulmans du Caucase établis en Perse se firent les instrumens de l’influence russe, qui procéda méthodiquement à la conquête commerciale de l’Iran. L’interdiction du transit à travers la Russie réservait à l’importation russe le monopole des voies d’accès par le Nord ; les chemins du Sud étaient trop longs et trop coûteux ; la route de caravanes entre Trébizonde et Tauris ne pouvait rivaliser avec les chemins de fer. Le gouvernement russe ajouta à ces avantages naturels la réduction des tarifs de transport, la concession de primes d’exportation. La Banque d’escompte reçut des marchandises à sa consignation et ne consentit d’avances qu’aux négocians acheteurs de produits russes. Un système aussi complet finit par porter ses fruits : la sphère d’action commerciale de la Russie s’étendit d’année en année ; elle atteignit Hamadan, Ispahan et le Séistan ; les cotonnades et les sucres russes vinrent y faire concurrence aux cotonnades anglaises ou indiennes et aux sucres français. Les agens des ministères des Affaires étrangères, de la Guerre, et des Finances russes à Téhéran, trinité souvent désunie, s’appliquèrent à se rendre de plus en plus apparens, pensant ainsi marquer un progrès de l’influence nationale.

L’organisation de l’influence anglaise commença bien avant celle de la Russie ; les stations télégraphiques, dont elle jalonna l’Iran, lui fournirent une armature. En 1864, sur le câble du golfe Persique, réunissant Karatchi à Fao, à l’embouchure du Chatt-el’Arab, se greffa la ligne de Bouchire à Téhéran, qui, vers l’Europe, doublait la ligne turque. En 1870, après accord avec les gouvernemens allemand et russe, la maison Siemens la raccordait au système continental par l’établissement du télégraphe indo-européen, entre l’Araxe et Téhéran. La section persane du télégraphe indo-persan est administrée par le département des télégraphes de l’Inde auquel est également confiée