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la ligne de Téhéran à Méchhed. Entre Bouchire et Chiraz, les rest-rooms, installés par ses agens, sont un bienfait pour les voyageurs ; la monarchie persane doit aux télégraphes anglais sa cohésion actuelle ; en cas de besoin, les populations ont pris coutume d’en envahir les bureaux qui offrent un refuge consacré par l’usage, les mettant en communication avec le pouvoir royal.

En 1889, fut créée la Banque impériale de Perse, fonctionnant comme banque d’Etat, avec privilège d’émission. Cette société anglaise possède des succursales dans tout le pays. Ses opérations se bornent à des avances consenties à l’État ou aux négocians les plus qualifiés ; elle reçoit les dépôts et garantit les biens des grands de la Perse en quête de la protection britannique. Les autres affaires financières ou industrielles, tentées, à diverses reprises, par l’initiative anglaise, n’ont point eu de suite : il n’en subsiste que l’effort de la compagnie Lynch pour ouvrir une voie commerciale par la vallée du Karoun ; cette compagnie maintient un service de bateaux sur les deux biefs inférieurs de la rivière, entre Mohammérah et Ahwaz, Ahwaz et Chouster ; d’Ahwaz à Ispahan, elle établit un sentier de caravanes par les montagnes des Bakhtyaris ; elle a repris la chaussée de Téhéran à Koum et Sultanabad, qu’elle doit relier à Chouster par Bouroudjird et Khorremabad.

Dans le système anglais, les télégraphes jouent le même rôle que les routes dans le système russe. S’ils fournissent des prises moins solides, ils favorisent davantage la diffusion de l’action britannique. En face de l’invasion russe, lente et méthodique, compacte dans le Nord de l’Iran, à peine indiquée vers le Sud, l’Angleterre est partout présente, installant dans chaque ville un groupe de composition identique : la Banque impériale, le télégraphe, le comptoir des grandes maisons faisant le trafic de la Perse, enfin la mission protestante, très active chez les Américains presbytériens du Nord, plus molle chez les Anglicans du Sud.

Il va sans dire que, si la Russie est particulièrement forte dans l’Azerbaidjan, les provinces caspiennes et le Khorassan, l’autorité anglaise s’accentue à mesure que l’on descend vers le Sud. Le golfe Persique rentre tout entier dans le domaine britannique, la navigation en est presque exclusivement anglaise ; la Compagnie British India y assure le service postal ; le commerce