Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/665

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui sont contenues dans les tomes précédens ; c’est dire aussi qu’il vient à son heure : M. de Lanzac de Laborie examine les rapports de l’Église et de l’État, de 1802 à 1814. Il traite ce sujet avec un souci d’impartialité qui lui fait grand honneur, ne dissimulant rien « des misères, des faiblesses ou des lacunes » qu’il a pu rencontrer dans l’Église, mais rendant pleine justice à l’esprit de charité, à l’intelligence et à la hauteur de vues de certains membres du nouveau clergé. Nous ne saurions mentionner ici toutes les questions que l’historien a exposées, et nous nous bornerons à retracer sommairement les principaux événemens qui marquèrent l’épiscopat du cardinal de Belloy, la nomination du cardinal Fesch et l’administration du cardinal Maury.


I

La désignation de l’archevêque de Paris, qui devait inaugurer le régime concordataire, était un acte fort important. Le Premier Consul choisit sur la liste que lui présenta Portalis, — alors préposé aux « affaires concernant les cultes, » — un des premiers prélats démissionnaires, l’ancien évêque de Marseille, sur le compte duquel la police avait recueilli les renseignemens suivans : « Pacifique. — Restera fidèle. — Grand âge. — Deux attaques d’apoplexie. » L’âge du vieillard semblait la meilleure garantie de sa docilité : Jean-Baptiste de Belloy, né le 17 octobre 1709, était entré dans sa quatre-vingt-treizième année lors de sa nomination au siège archiépiscopal de Paris, le 8 avril 1802. Il avait laissé à Marseille la réputation d’un prélat très charitable, n’avait point émigré sous la Révolution, et s’était contenté d’un abri chez une de ses nièces dans l’Oise. Son désintéressement, au moment de la signature du Concordat, lui créait des titres auprès de Portalis qui avait songé à le nommer archevêque d’Aix, en lui adjoignant un coadjuteur. Belloy dut vraisemblablement à Bernier sa désignation au siège de Paris. Il ne fut plus question de donner un coadjuteur au prélat qui prit possession de son archevêché le dimanche des Rameaux, 11 avril 1802. A peine installé, Belloy fut comblé d’honneurs et de présens. Le message consulaire[1], qui le nommait

  1. 28 fructidor an X-15 septembre 1802.