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Les anciennes mines, telles que la Sosnovice et la Dombrowa, exploitent un charbon médiocre, sorte de lignite perfectionné ; mais, situées en Pologne, au milieu de consommateurs abondans, elles sont extrêmement prospères, comme en témoignent les dividendes de 12 pour 100 distribués à leurs actionnaires. Les nouvelles, dans le midi de la Russie, extraient un charbon friable et pulvérulent qui se transforme en excellent coke, mais leur débouché est presque exclusivement industriel ; tandis que notre charbon français sert pour moitié au chauffage domestique, il n’est guère vendu pour cet usage que 11 tonnes sur 100 dans la région du Donetz. La Russie du Nord est forcée de s’approvisionner de houilles étrangères ; si les chemins de fer consentaient à transporter à perte la houille indigène à Saint-Pétersbourg et dans les ports de la Baltique, elle n’y pourrait lutter avec les charbons anglais, puisque ces derniers lui sont préférés même à Odessa, malgré leur prix supérieur, en raison de leur qualité.

Le charbon russe n’est d’ailleurs pas si bon marché que pourrait le faire supposer le taux peu élevé des salaires. Le mineur reçoit en espèces une paie de 3 francs par jour ; seulement il ne tire en moyenne que 630 kilos de charbon et, comme il ne travaille au plus que 270 jours par an, la valeur de la tonne extraite oscille pour le producteur entre 10 et 11 francs, chiffre peu différent de celui de la France et plus élevé que celui de l’Angleterre et de l’Allemagne.

Cette situation peut s’améliorer et la consommation aussi est destinée à s’accroître. Avec la demande des chemins de fer et des usines, le bois s’épuise rapidement. Les trembles et les bouleaux rachitiques, qui avaient mis un siècle à pousser, s’exploitent bien plus vite qu’ils ne se remplacent ; les locomotives sont maintenant chauffées au charbon, ainsi que la plupart des générateurs de vapeur qui employaient naguère les bûches.

L’usage du fer est plus lent à se répandre. Sa substitution au bois, rien que pour les charrues, suffirait à fournir de l’ouvrage pendant longtemps à la métallurgie nationale, lorsque le moujik se déterminera à abandonner partout son araire préhistorique. Mais quoique le pays ne soit pas encore assez riche, dans son ensemble, pour acheter du fer, ce métal fait son chemin on commence à voir des chevaux ferrés, des essieux et des bandages de roues en fer et même des toitures en tôle, tandis qu’il y