Qu’est-ce que le Bonheur ? Une vaine chimère,
Une ombre, un souvenir, une joie éphémère,
La folle inanité d’un éternel désir ;
C’est un roi détrôné, chassé de son domaine,
Et qui, depuis ce jour, sans sujets et sans reine,
Nous a laissé pleurer dans les bras du Plaisir !
Le cœur a des raisons bizarres et profondes,
Dont nul n’a deviné le secret ni la loi,
Et nul ne sait, et nul ne me dira pourquoi
Je donnerais mes jours pour ces deux nattes blondes !
Un sourire, — un regard… C’est en quelques secondes
Que l’éternel amour s’est emparé de moi.
Le cœur a des raisons bizarres et profondes,
Dont nul n’a deviné le secret ni la loi.
Subtile affinité de forces vagabondes,
Puissant, délicieux et redoutable émoi,
Attirance invincible, impérieuse foi
Qui confondit toujours les sages des vieux mondes…
Le cœur a des raisons, bizarres et profondes.
Bald fliesset zwitchen meinem Herzen
Und deine Aûgen die weite See.
H. HEINE.
Vos rêves m’appelaient, chère, et je suis venu,
Car le hasard se plaît aux choses malaisées.
Nos deux routes se sont, pour un instant, croisées,
Et mon cœur est resté près de vous retenu.