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vérité ! Je devine, par-delà la Grèce des marbres, une autre Grèce plus éclatante et plus chaude !…


Il est minuit. Tout le monde dort sur le pont.

Avant de descendre dans la moiteur tiède des cabines, j’aspire une dernière bouffée d’air salin. La nuit, épanouie en myriades d’étoiles, semble éclore comme un printemps céleste aux floraisons débordantes. Au-dessus du navire, une voie lactée fabuleuse suspend ses grappes de clartés, et l’on dirait un immense berceau d’orangers et de lilas blancs dressé, là-haut, pour des noces divines !…

Le surlendemain, dans des tourbillons de poussière jaune soulevés par le mistral, nous longeons les côtes de l’Attique. Elles sont vraiment laides sous la lumière crue de midi, et le halo livide qui les enveloppe les fait paraître plus âpres et plus décharnées… Tout à coup, en entrant dans la baie de Phalère, un battement de cœur m’oppresse. Du côté d’Athènes, une roche vient de surgir, au sommet de laquelle se tord une flamme blanche, sous les coups de la rafale… Hélas ! ce n’est que le Lycabette avec la chapelle de Saint-Georges !

Puis, peu à peu, à force de chercher et de tendre mon regard, je finis par découvrir un monticule, vague profil qui tremble dans le vent. Le Parthénon est là, une tache blanche, quelque chose comme un petit tas de chaux qui se distingue à peine, entre la colline du Stade et le mont des Muses, où se dresse, triomphal et de toutes parts visible, le monument de Philopappos, roi détrôné de Commagène !


II. — LES SOIRS SUR L’ACROPOLE

Pendant deux mois, j’ai eu presque constamment devant les yeux la citadelle d’Athènes, avec sa couronne de temples et de murailles. De mon hôtel de Phalère, je la saluais chaque matin. Le Parthénon, encore simplifié par la distance, m’apparaissait comme une épure un peu sèche dessinée sur le fond mal du ciel.

C’est l’heure ingrate pour lui. Il ne se montre en gloire qu’à