menaces des révolutionnaires et l’agression de la France. Il renonça donc à sa tentative.
Il restait un moyen sûr de donner satisfaction aux nationaux-libéraux, c’était d’accepter l’entrée de Bade dans la Confédération. A Bade, journalistes et hommes d’Etat s’étonnaient des timidités du Chancelier de fer : « Qui donc vous arrête ? lui disaient-ils. La crainte de la guerre ? Mais qui donc vous la fera ? Est-ce l’Autriche ? Elle est impuissante ; elle se débat dans le chaos très peu débrouillé d’une réorganisation inachevée. Est-ce la Russie ? Mais vous avez en elle une alliée fidèle sur laquelle vous pouvez compter. Est-ce la France ? Elle est tout entière préoccupée par sa réforme constitutionnelle et passionnée de paix comme ses ministres actuels. » Ces raisonnemens n’ébranlaient pas Bismarck. Il se gaussait de cette diplomatie fantaisiste. « Sans doute, disait-il, nos rapports avec l’Autriche sont moins âpres ; elle a reçu la visite d’un de nos princes, et nous l’a rendue par un des siens, mais il suffirait du moindre coup de vent pour ranimer le foyer qui n’est pas mort. La Russie nous serait assurément favorable au cas d’une attaque de la France : il est plus que douteux qu’elle ne nous soit pas hostile si nous voulons nous annexer un de ces États du Sud dont elle s’est constituée la protectrice. Quant à la France, vous vous méprenez et vous vous fiez trop à sa quiétude apparente. C’est un volcan toujours à la veille d’entrer en ébullition. Ses ministres sont pacifiques, mais autour de l’Empereur existe une camarilla qui ne l’est pas, qui nous hait et pourra être, à un moment donné, plus puissante que les ministres. Qui nous assure même que ces ministres, à l’annonce que nous unissons Bade à la Confédération du Nord, ne seraient pas entraînés à une action belliqueuse ? »
Bismarck était absolument dans le vrai, il l’était surtout en ce qui concerne la France. S’il avait accepté les offres de Bade, j’aurais proposé de reconnaître le fait, accompli volontairement par celui qui se donnait aussi bien que par celui qui recevait, parce qu’il constituait une application légitime du principe des nationalités. J’aurais été seul de mon avis ; je me serais retiré, et le champ serait resté libre aux partisans de la guerre. Aurais-je obtenu la majorité dans le Conseil, je l’aurais perdue à la