raison, ils ne consentiraient à la diminution des forces militaires, un nouveau conflit, semblable à celui de 1862, se préparait avec le Landtag et le Reichstag.
Dans les États du Sud, la sécurité que donnait la nouvelle politique française accroissait la confiance des partis autonomistes, consolidait la victoire obtenue dans les dernières élections, et l’année 1870 s’ouvrait par une recrudescence de l’esprit d’hostilité contre le parti de l’union avec la Prusse. Bismarck était résolu à ne pas brusquer cette résistance. Cependant il eût voulu donner une satisfaction aux impatiences du parti national-libéral sans s’exposer aux suites dangereuses d’une action précipitée. Il essaya d’obtenir amiablement la transformation du titre donné au Roi, de Président de la Confédération du Nord, en celui d’empereur d’Allemagne. Il commença par pressentir les grandes puissances.
Le Tsar fut-il encourageant ? On peut le croire. Clarendon ne le fut pas. Vers la mi-janvier, l’ambassadeur prussien à Londres, dans une conversation avec le secrétaire d’État anglais, avait fait allusion au désir que nourrissait le Roi de prendre un titre plus en harmonie avec sa situation réelle. Clarendon signala les périls de ce projet : « Une telle résolution aurait pu être prise sans trop de témérité, au lendemain des événemens de 1866, alors qu’elle pouvait être considérée comme la conséquence immédiate du nouvel ordre de choses. Non seulement elle n’aurait plus maintenant le même à-propos, mais elle soulèverait infailliblement des susceptibilités et des inquiétudes qu’il importait de ne pas réveiller. » Bernstorff ayant rendu compte de cet entretien, donna lecture à Clarendon, le 27 janvier, d’une dépêche dans laquelle le chancelier fédéral expliquait sa démarche : « Le titre actuel de chef de la Confédération allemande avait, aux yeux du Roi, une physionomie quelque peu républicaine qui répugnait à ses instincts féodaux. Du reste, concluait la dépêche, rien n’est terminé dans son esprit à cet égard. » Daru fut encore moins engageant. Il répondit à Werther que ce serait passer le Mein moralement, et que la France ne pourrait pas voir cela avec satisfaction. Néanmoins, Bismarck ne se serait pas arrêté, car l’Angleterre de ce temps-là parlait et n’agissait pas. Quant au mécontentement de la France, il l’eût sûrement bravé s’il avait pu entraîner les États du Sud. Il n’y réussit pas, malgré toutes ses promesses de garantir leurs souverains contre les