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prohibition à tous les petits États du Sud. » Comme un roulement de tambour qui gronde tout le long du rang, dès que le bâton du commandement a été levé, le même commentaire impertinent court dans tous les journaux allemands. L’officielle Correspondance provinciale commence : « On assure que les déclarations de M. de Bismarck ont découragé les amis de l’union allemande dans l’Allemagne du Sud. Mais les véritables amis de la cause nationale reconnaîtront bientôt que le chancelier fédéral ne repousse le progrès du développement national que pour ne pas laisser compromettre l’œuvre naturelle et assurée de l’union de toute la patrie allemande (2 mars). » La Gazette officielle de Carlsruhe fait écho : « Le comte de Bismarck ne considère pas comme une solution définitive la demi-union actuelle de l’Allemagne. » Puis toute la bande salariée suit partout. La résistance de Bismarck à l’accession de Bade n’est pas, comme on l’a prétendu, une preuve de son désir d’éviter la guerre. Ce refus démontre uniquement la volonté d’écarter la guerre folle en attendant que la guerre sérieuse fût venue à maturité. Lasker lui-même en eût été convaincu, si le chancelier avait pu l’informer de ce qu’apportait à Berlin, en ce moment précis, l’Espagnol Salazar.


III

Le duc de Montpensier avait pris une part active aux manœuvres qui amenèrent l’échec de la candidature du duc de Gênes. Il ne s’était pas laissé adoucir par la proposition d’un mariage entre le jeune candidat et une de ses filles. « Si vous envoyez votre fils en Espagne, avait-il fait dire à la mère, priez pour lui. » L’échec de cette combinaison avait produit un violent désarroi ; ses promoteurs, Zorilla et Martos, s’étaient retirés du ministère ; des résolutions extrêmes avaient été agitées ; on proposa à Serrano de faire un coup d’Etat. « Quand on fait un coup d’Etat, dit-il, il faut savoir pourquoi, et que ce soit pour fonder un ordre de choses dont on a réuni les matériaux. Pourquoi le ferais-je, moi ? Pour prendre la couronne ? Ce serait le comble du ridicule. Ma seule ambition est, comme les gladiateurs romains, de tomber en bonne posture. »

On écarta ces solutions, et on s’en tint à un ministère de conciliation unioniste-radical-progressiste. Topete, que