d’Abd-el-Aziz, lui donner les moyens d’aller à Fez, de s’y maintenir et étendre sa domination effective sur tout le pays. Entrer dans cette voie nous conduirait à la conquête du Maroc, et alors il faudrait 100 000 hommes, probablement même davantage, beaucoup d’années, plusieurs milliards. Et nous ne parlons pas des difficultés politiques qui risqueraient de se dresser de nouveau sur notre chemin. Peut-être n’en rencontrerions-nous pas, ou seraient-elles plus faibles que dans le passé ? Pourquoi les puissances, — toutes les puissances, — après s’être assuré à Algésiras l’égalité des bénéfices avec nous lorsque l’œuvre sera achevée, ne nous laisseraient-elles pas en assumer bénévolement toutes les charges ? C’est à nous de voir si nous voudrions les assumer dans des conditions qui nous feraient jouer un vrai rôle de dupes. Nos soldats ont été admirables ; le général d’Amade a complètement répondu à la confiance que le gouvernement lui avait témoignée ; il a atteint le but qui lui avait été assigné. Raison de plus pour tirer les conséquences de cette très honorable campagne : elles doivent nous rapprocher du dénouement.
C’est du côté de l’Algérie que nous devons aujourd’hui nous tourner, pour un double motif, d’abord parce que la sécurité de notre frontière exige en ce moment un nouvel et vigoureux effort, ensuite parce que cet effort peut nous procurer quelques avantages durables. La conférence d’Algésiras, qui nous a imposé des restrictions et des limites dans le reste du Maroc, n’a modifié en rien sur la frontière les droits antérieurs que nous tenons du traité de 1845 et des arrangemens que nous avons faits, en 1901, avec le Maghzen. Nous n’aurions d’ailleurs pas accepté qu’il en fût autrement ; nous ne serions pas allés à la conférence si nos droits n’avaient pas été reconnus au préalable ; nous en serions sortis immédiatement s’ils avaient été seulement mis en cause. L’agression que nous avons subie, et dont le combat de Menabha a été la manifestation la plus grave, exige de notre part une action répressive immédiate, préventive aussi, puisque nous continuons d’être menacés par la fermentation des tribus. Nous pouvons suivre l’ennemi sur le territoire marocain. En attendant le retour du général Lyautey, qui rejoindra prochainement son poste, — et le plus tôt sera le mieux, — le général Vigy a reçu des renforts et organise ses troupes pour atteindre les débris de la harka avec laquelle nous avons été aux prises, et pour l’empêcher de se reformer. Tout cela est conforme à notre politique traditionnelle, dont nous avons eu tort de nous détourner et à laquelle nous ferons bien de revenir. Quant aux événemens purement marocains,