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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/387

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admettre qu’un vaste territoire formant une sorte d’Etat dans l’Etat, gouverné par un triumvirat et ayant sa constitution et son budget, soit détaché de la colonie pour fournir les ressources nécessaires à bâtir par exemple, une Walhalla à Bruxelles ou à doter Ostende d’une reproduction du Palazzo Vecchio de Florence ! Plusieurs orateurs ont rappelé ce principe, naguère proclamé par l’association économique américaine et aujourd’hui généralement reconnu, que « les finances de chaque colonie doivent être administrées exclusivement dans l’intérêt de la colonie et de son développement, et non dans l’intérêt de la métropole. »

Finalement, après une discussion qui se prolongea durant trois semaines la Chambre adopta, le li décembre 1906, par 128 voix contre 2 et 29 abstentions, un ordre du jour auquel le gouvernement se rallia et qui peut se résumer ainsi :


La Belgique, appelée par le testament royal du 2 août 1889 à recueillir la pleine souveraineté de l’État indépendant, possède aussi le droit de reprendre le Congo en vertu de la lettre royale du 5 août 1889 et de la loi du 10 août 1901 ; il est de l’intérêt du pays de se prononcer du vivant du Roi sur la question de la reprise. Les déclarations contenues dans la lettre du 3 juin 1906 ne sont pas des conditions, mais des recommandations solennelles ; la reprise laissera entières la liberté et la souveraineté de la Belgique : la convention de cession n’aura pour objet que de réaliser le transfert et de prescrire les mesures d’exécution : le pouvoir législatif belge réglera en pleine liberté le régime des possessions coloniales.


Les passages que nous avons soulignés montrent les graves concessions faites par le gouvernement pour obtenir l’adhésion de la Chambre. Le Roi, qui suivait le débat par téléphone, s’était vu finalement forcé d’abandonner les prétentions formulées dans sa lettre du 3 juin, et les conditions mises par lui à sa donation n’étaient plus maintenant que « des recommandations solennelles. »

A la suite du vote de la Chambre, une Commission parlementaire, composée de 17 membres appartenant à tous les partis, fut chargée d’élaborer un nouveau projet de loi coloniale. Les XVII, — comme on les appelle en Belgique, — se réunirent pour la première fois le 31 janvier 1907 sous la présidence de M. Schollaërt, et M. de Smet de Naeyer déclara que le gouvernement était prêt à donner son concours pour fournir les dominions nécessaires à l’élaboration de la loi ; mais, dans les réunions