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réserve imposée par notre programme. Ce dissentiment public entre deux ministres sur un sujet de première importance était contraire aux règles élémentaires du bon gouvernement. Cela tenait à cette situation fausse qui m’avait été faite d’avoir les charges et les responsabilités d’un premier ministre sans jouir du droit de discipline légale attribué partout à ce titre. Un ministre des Affaires étrangères ne traite pas seulement les affaires dans des dépêches ; il les élucide, les prépare dans ses entretiens avec les ambassadeurs, et c’est parce qu’il n’y a pas moyen de surveiller sa langue aussi bien que sa plume, qu’une conversation diplomatique n’engage pas en général un Cabinet. Il en va autrement des dépêches. On ne peut exiger que toutes celles écrites par le ministre soient communiquées, mais, ainsi que l’a dit Palmerston : « Si le ministre secrétaire d’État aux Affaires étrangères envoie une dépêche importante, sans s’informer de l’opinion du premier ministre, il est coupable d’une infraction à son devoir. » Les dépêches de Daru appréciant les discours de Guillaume et de Bismarck avaient ce caractère, et, si elles m’eussent été communiquées avant d’être envoyées, je ne les aurais pas approuvées.


EMILE OLLIVIER.