Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans mon esprit, ici, dans ma conscience, une sympathie unique domine, et cette sympathie est pour le prince Alphonse. » Rios et Rivero répondent par de violentes attaques contre les Bourbons.

Prim intervient à son tour et repousse avec véhémence le reproche de vouloir prolonger l’intérim pour préparer la restauration d’Alphonse : « Ce projet serait pire que celui qu’on m’attribue de continuer le provisoire pour assurer ma prépondérance personnelle. Loin d’être le Monk de la Restauration, je crois être le Monk de la Liberté. Quoique j’aie bien des fois réfuté déjà cette calomnie, je le répète : La restauration du prince Alphonse, jamais, jamais, jamais. Si la cessation de l’intérim est souhaitable, son prolongement n’offrait aucun péril. « Appuyé sur une armée « dans laquelle s’était incarné le sentiment libéral du pays ; sûr de la marine, en conformité de sentiment avec la nation entière, » il répondait des destinées de la Révolution : « Vous pouvez partir tranquilles ; avec ou sans roi, la liberté ne courra aucun danger ; vous laissez dans cette auguste enceinte le drapeau de la liberté, vous le retrouverez, je vous le promets sur mon honneur et sur ma vie. Le couronnement de notre édifice est nécessaire ; mais on ne peut pas tout ce qu’on veut. Faire un roi est plus difficile que ce qu’il paraît. » Et comme le républicain Castelar disait ironiquement : « Très bien ! » il reprit : « Il y a cependant quelque chose de plus difficile encore, c’est de faire la république dans un pays où il n’y a pas de républicains. » Il raconta les négociations avec le roi Ferdinand, le duc d’Aoste et le duc de Gênes. Leur échec constaté, il mentionna un quatrième candidat... « Messieurs les députés s’attendent sans doute à ce que je dise le nom de ce quatrième candidat : ils me permettront de ne pas le prononcer, car ce serait une indiscrétion ; cela pourrait amener des complications ; en outre, j’ai engagé ma parole d’honneur, et messieurs les députés respecteront sans doute ma réserve. (Oui ! oui !) Ce candidat que je ne dois pas nommer possède certainement les conditions dont l’Espagne a besoin : il est de race royale (e stirpe regia), catholique et majeur... Lorsque les négociations poursuivaient leur cours et me donnaient espoir de les voir aboutir, arriva un envoyé, homme illustre, et avec quelle opportunité n’arriva-t-il pas ! Ce fut pour assister à la scission qui eut lieu ici la nuit de la Saint-Joseph. (Rumeurs.) A la suite des efforts