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Quel intérêt aurait pu avoir Conneau à supprimer ce document ? On a dit méchamment que c’était à la suggestion de l’Impératrice, afin d’écarter toute objection au départ de l’Empereur pour l’armée. Les dates écrasent cette calomnie : la consultation a eu lieu le 1er juillet ; ce jour-là, la candidature Hohenzollern n’avait pas encore éclaté et dès lors, personne ne songeait à la guerre, ni, par conséquent, au départ de l’Empereur pour l’armée.


Cependant, au milieu de l’accalmie générale, un petit fait auquel le public ne prit pas garde frappa les observateurs. L’ambassadeur prussien à Madrid, qui, le 30 juin, avait obtenu un congé, reçut l’ordre de rester à son poste, et laissa sa femme partir seule pour la Haye. Mercier signala le fait à Gramont, mais sa confiance dans la parole de Prim était toujours telle que cela ne l’alarma point. « Je n’ai pas entendu dire un mot de la candidature Hohenzollern, » ajoutait-il (1er juillet). Et pourtant c’était le petit nuage, précurseur de la tempête.

Quelques jours après, le ciel était en feu. « Les temps de la perfidie approchent ; la carrière leur est ouverte ; ils régneront par la ruse, les misérables, et le cœur noble sera pris dans leurs filets[1]. »


EMILE OLLIVIER.

  1. Goethe, Goetz de Berlichingen.