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contraints à faire des sortes de subdivisions ; si bien que certains ophthalmologistes sont plus compétens dans les affections de la rétine que dans les troubles de réfraction de l’œil ; d’autres sont spécialistes pour les maladies externes de l’œil ; d’autres pour le strabisme, et ainsi de suite. Mais le médecin praticien, qui exerce à la campagne ou dans une petite ville, n’a pas besoin d’en savoir aussi long qu’un spécialiste de la capitale, d’être versé dans ce que Sganarelle appelait jadis le fin du fin de la médecine. Ce sera assez s’il connaît les élément de toute la médecine et de la chirurgie. L’essentiel est de ne pas commettre d’impardonnables erreurs, et, en cas de doute, s’il y a urgence, de reconnaître son insuffisance, c’est-à-dire de demander l’avis d’un confrère plus compétent. Or les impardonnables erreurs sont rares, et même très rares : car, s’il s’en commet, il y a une responsabilité civile, et même une responsabilité pénale, qui sont très dures. La loi dit que le médecin est puni d’une amende très forte s’il y a faute lourde, et les malades ne manquent pas d’intenter une action en dommages et intérêts, s’ils s’imaginent, à tort ou à raison, qu’il y a eu faute lourde commise. On se souvient peut-être de quelques récens procès assez bruyans, oïl il n’y avait eu faute médicale lourde que dans l’imagination des cliens.

Quant aux légères fautes, imprudences, hésitations injustifiées, diagnostics téméraires, négligences, omissions, faux pronostics, certes oui, on en trouverait, et on en trouverait beaucoup, dans l’immensité du territoire français. Mais peut-il en être autrement ? On ne saurait exiger que chaque malade ait, pour lui donner soins et conseils, deux ou trois professeurs des Facultés de France. Encore, quel que soit mon respect pour mes collègues, ne suis-je pas assuré que nul d’entre eux n’a jamais connu la défaillance ou l’erreur.


III. — LES FACULTÉS DE MÉDECINE

C’est d’ailleurs sur les Facultés de médecine, et spécialement sur la Faculté de médecine de Paris que portent les attaques. Laissons de côté les attaques aux personnes ; ce sont vilenies pour lesquelles un dédaigneux silence suffit. Ne prenons que les griefs allégués contre l’institution même. Nous allons, pour mettre un peu d’ordre dans ces confuses récriminations, étudier