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d’abord successivement ce qu’on reproche à l’enseignement même, puis au mode de recrutement des professeurs.

Pour ce qui est de l’enseignement, il y a deux critiques contradictoires, et, ce qui est assez curieux, c’est qu’on les réunit parfois toutes les deux, quelque contradictoires qu’elles soient.

On dit : « l’enseignement doit être avant tout clinique et professionnel. Les Facultés de médecine n’ont pas à former des savans, mais des praticiens. Il est inutile d’encombrer la mémoire des jeunes hommes de tout un fatras scientifique qui leur sera inutile dans l’exercice de leur métier. A quoi bon tant de chimie, tant de physiologie, tant de bactériologie ? Un praticien n’a pas besoin de savoir la technique de la sphygmographie, ni de l’analyse des gaz, ni des cultures microbiennes, puisque, dans la petite ville qu’il habitera, jamais il n’aura l’occasion de prendre des sphygmogrammes, d’analyser les gaz du sang, et de cultiver des microbes. Laissez aux Facultés des sciences ces études compliquées, incertaines, et superflues. L’enseignement clinique, la science du diagnostic, une certaine habileté dans les opérations simples et dans les accouchemens, voilà ce qui est nécessaire et suffisant. Or, pour arriver à ce résultat, six années d’études sérieuses sont indispensables. Il faut que les élèves puissent, dans le cours de leurs six années d’études, observer, dans des cliniques spéciales, les maladies de la peau, les maladies mentales et nerveuses, les maladies des yeux, les accouchemens, et cela dans des hôpitaux non encombrés. Mais qu’il n’y ait plus, pendant les deux ou trois ans du début, cette prédominance des sciences accessoires, chimie, physique, anatomie, physiologie, pathologie expérimentale, anatomie pathologique, etc. Car ce n’est qu’une perte de temps au détriment de la clinique, qui seule importe. »

Je n’invente pas ces reproches ; ils ont tous été exprimés très nettement par des médecins, réunis en un congrès de praticiens qui s’est récemment tenu à Paris. Il est vrai que ce même congrès a en même temps formulé des reproches tout à fait contraires. « Les étudians, y a-t-on dit, sortent des Facultés de médecine sans avoir rien compris aux choses de la science. Il n’y a qu’à entendre les réponses faites aux examens, même lorsque les candidats sont reçus, pour être bien vite convaincu qu’ils ne savent rien, ou presque rien. Comparé à l’enseignement des Facultés étrangères, l’enseignement des sciences à la Faculté de