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si populaire et si recherché même de nos jours, nous en offre la preuve, car les rôles de femmes y sont tout aussi importans que ceux des hommes, et leurs actions aussi nobles que celles du plus héroïque samuraï. Enfin, un des drames patriotiques qui remportent le plus de succès et attirent toujours la foule, est Kasuga-no-Tsouhone ; c’est l’histoire de la femme d’un simple samouraï choisie à cause de ses vertus pour devenir institutrice du fils du Shogun, En des dialogues pathétiques, l’auteur fait ressortir les sacrifices que comporte ce choix, car elle est obligée non seulement d’abandonner sa famille pendant des années, mais de subir toutes les intrigues de la Cour. Kasuga-no-Tsoubone sacrifie ses affections personnelles, et se dévoue entièrement à l’éducation de l’enfant qui devra un jour gouverner le pays. Elle réussit, mais en surmontant les plus grandes difficultés. Son existence à la Cour n’est qu’une succession de pénibles sacrifices et plus d’une fois sa vie est en danger. A travers toutes ces épreuves, ses admirables qualités ressortent clairement, et nous sommes impressionnés par la difficulté de sa tâche et l’importance de sa mission. A la fin, elle a la satisfaction d’avoir sauvé par son tact et sa persévérance la vie du véritable héritier, et d’avoir formé le caractère d’un grand souverain. Il ne faut pas oublier que l’héroïne de ce drame n’est pas un personnage fictif : elle est prise dans la vie réelle. Plusieurs objets lui ayant appartenu sont vénérés comme souvenirs historiques, tels que la petite épée qu’elle portait en sa qualité de dame de la noblesse, son miroir d’acier, le pupitre en laque où ses armes sont gravées, des lettres même et d’autres manuscrits sont pieusement conservés pour l’édification des générations futures et comme exemples du devoir noblement accompli.

La mère était considérée comme la première directrice de l’éducation chez le pauvre comme chez le riche. C’était à elle d’éveiller et de développer dans le cœur de l’enfant des idées de devoir et d’obéissance. La discipline, cette base essentielle de l’ancien régime, commençait à la maison. Le père était le chef absolu de la maison, et toute la famille, y compris les domestiques, formait une société en miniature, où l’enfant apprenait à exercer les vertus morales dont les parens leur donnaient l’exemple. Les devoirs envers les aînés et envers les plus jeunes membres de la famille étaient soigneusement prescrits. Les aînés avaient plus d’autorité que les plus jeunes, mais, en revanche,