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cette vieille maison qui est une des gloires et une des forces de la France. Sa destinée devait en décider autrement. Une maladie grave l’obligea de prendre un congé, et, lorsqu’il se releva, sa voix était tellement affaiblie que l’enseignement public lui aurait été impossible. Ce fut alors qu’un ministre de l’Instruction publique, vis-à-vis duquel la postérité a réparé, et au-delà, l’injustice des partis, Victor Duruy, le fit entrer dans l’inspection. Le 30 août 1864, il le nomma inspecteur de l’Académie de Paris, et, le 23 mars 1865, il le chargeait du service de l’enseignement primaire dans le département de la Seine.

Sous un titre ou sous un autre, Gréard a exercé ces fonctions pendant quinze ans. L’Empire l’avait nommé ; le Quatre-Septembre lui donna de l’avancement ; le Vingt-quatre et le Seize-Mai le conservèrent. C’est qu’il était un de ces agens dont aucun régime ne peut se passer tant ils s’acquittent de leur emploi avec conviction et avec zèle. Mais Gréard ne s’est pas seulement borné, comme d’autres fonctionnaires pouvaient, en même temps que lui, le faire dans d’autres services, à remplir tous les devoirs qui lui incombaient. On peut dire que la fonction qu’il a exercée pendant si longtemps a été créée par lui. Si l’on compare, en effet, ce qu’était le service de l’enseignement primaire dans le département de la Seine, quand il l’a pris en main, avec ce qu’il en a fait, on reconnaîtra qu’il a été l’ouvrier, sinon unique, du moins principal, d’une œuvre considérable, au sujet de laquelle on peut faire plus d’une réserve, mais qui, dans l’ensemble, honore sa mémoire, car il l’avait comprise de la façon la plus élevée. Il sentait profondément la nécessité, dans une république démocratique où toutes les institutions, tous les pouvoirs reposent sur la loi du nombre, d’instruire les générations nouvelles, desquelles dépendent exclusivement les destinées du pays. Volontiers aurait-il répété ce mot d’un homme d’Etat anglais : « Je demande qu’on apprenne à lire à ceux qui demain seront nos maîtres. » Il sentait toute la gravité du problème, et il appliquait, à l’envisager sous toutes ses faces, une activité qui ne se lassait point. C’est à son énergique impulsion qu’on doit la multiplication du nombre des écoles publiques à Paris et l’amélioration de celles déjà existantes. Les questions les plus modestes sollicitaient son attention. On en trouve la preuve dans le volume qu’en 1897 il publiait sous ce titre : L’enseignement primaire, et où il rassemblait différentes études