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Enfant, pourquoi avoir entrepris un semblable voyage, et quel est ton sang ? Ton père, ta mère, la ville où tu naquis ? Réponds à ma question ! »... Et l’enfant raconta tout : « Je suis le fils de Terani Radjah, ma mère a nom Devarambaye, ma ville natale est Genji. Pour délivrer mon père, et mon oncle, dompter le Barassari, je suis venu ici ! » Alors le père embrasse son fils et s’écrie tout en pleurs : « Mon fils, ne commettez pas une pareille imprudence. Plutôt demanderai-je à l’Empereur la grâce de partir pour Genji ! — Non, mon père ! venu ici pour monter le cheval divin, je n’obéirai point, comme vous, aux mauvais conseils de la peur. Vous avez succombé et payez de votre captivité cette défaillance. Pour moi, si je ne suis pas fidèle à mon serment, je cesse d’être le fils de l’illustre Maharadja Terani ! »

Sourd aux prières de l’Empereur lui-même qui l’adjure de renoncer à sa folle entreprise, le jeune Desing fait détacher le cheval. A peine est-il en selle qu’il invoque Vichnou ; « Hari ! Hari ! Krichna, Govinda !... Et vous seigneurs, ne prenez soin de moi. Un jour ou l’autre, il nous faut mourir ! » Et tandis que le peuple se lamente, le Barassari s’enlève dans les airs avec l’enfant cavalier. Il franchit les fleuves, les montagnes, gagne le ciel, sans réussir à se débarrasser de son fardeau : « Pour mon malheur cet enfant est né ! » Durant cinq jours, durant cinq nuits, il vole dans l’espace. Desing, exténué, se couche sur le dos de la bête magique, il invoque Ranganaden et s’endort. Prenant en pitié l’enfant, le Dieu apparaît et menace le cheval : « Retourne à Delhi avec ce prince. Plus tard, tu le porteras à la guerre, quand à Genji il combattra. Tous deux je vous ravirai jusqu’à mon Paradis. »

Le cheval obéit au Dieu. L’enfant se réveille à Delhi où l’Empereur lui offre son trône et sa fille. Desing refuse : « Depuis six mois, j’ai laissé mon Genji et ma mère. Laissez-moi partir ! » Alors l’Empereur supplie Torani Radjah de consentir au mariage de son fils. Le père oppose l’âge de Desing. « Il n’a que cinq ans ! Mais j’accepte le contrat pour sa vingtième année. » L’Empereur déclare que le rajah de Genji ne sera plus tributaire. Il met en liberté les cinquante-six princes détenus. Tous chantent les louanges de Desing.

Sept années se passent après le retour à Genji de Desing, de son père et de son oncle. Puis meurent Terani et la mère du jeune prince. C’est Terani Sing, l’oncle, qui est régent. Quand