les fuyards. Bientôt les gens de Mohammed-Ali disparurent, abandonnant leur artillerie et les Anglais qui la servaient, et ils ne se crurent en sûreté que quand les portes de l’enceinte se furent refermées sur eux.
Leur retraite se fit l’épée aux reins, tandis que les soldats de Bussy ‘forçaient le pettou, la ville extérieure, dont ils avaient pétardé une porte. Les Français y séjournèrent le reste du jour sous les feux de la place. Mais, dès le coucher du soleil, ils réussirent à forcer la première enceinte et préparèrent l’assaut des forts qui, en comptant les petits châteaux voisins du Chandraja-Dourgan, étaient au nombre de sept.
Etant donné la qualité des troupes assiégées, l’issue de la lutte n’était pas douteuse. Presque tous les Anglais avaient été tués ou pris avec leur artillerie lors de la première panique. Il ne restait plus que des canonniers indigènes entre les mains desquels les nombreuses pièces de la place ne devaient pas être de bien bon service. Ces vaincus terrorisés étaient travaillés principalement par l’idée de se tirer du guêpier, et la nuit est mauvaise conseillère pour qui songe à sauver sa peau. N’ayant pas été capables de défendre l’enceinte formidable dont ils avaient la garde, tout était pour dégoûter ces Hindous et ces Maures de disputer les nids d’aigles d’où il aurait pourtant suffi de rouler des quartiers de roche pour écraser les assaillans.
M. d’Auteuil avait ainsi pris ses dispositions pour l’attaque ; les rues de la ville intérieure furent barrées avec des chariots à munitions qui formeraient barricades en cas de retour offensif. La porte de la seconde enceinte, celle-là même où je campai ces jours derniers, devait être attaquée par les commandans en personne. Les dragons de Puymorin soutiendraient ce corps principal, et les cipayes borderaient les murs aussitôt qu’on aurait l’accès. MM. de Saint-Georges, Le Normand et Verri investiraient le fort du Sud-Ouest, c’est-à-dire le Chandraja-Dourgan ; les cipayes de Cheick-Hassem et de Mozuffer-Khan suivraient, cependant que l’artillerie de Gallard battrait tous les points de la place pour dérouter la défense.
La reconnaissance, menée par M. du Rouvray et ses dragons jusqu’à la porte du Radjah-Ghiri, ne fut pas heureuse. Cet officier fut blessé mortellement d’un coup de feu à travers le corps, et plusieurs grenadiers tombèrent à ses côtés. Du haut des forts, les musulmans tiraient à feu plongeant sans que les canons français