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LE TRAVAIL DE LA FEMME
ET
LES ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES

Quand on étudie les conditions actuelles du travail féminin, il est une considération que l’on doit sans cesse avoir devant les yeux. C’est que la femme, travaillant à domicile ou à l’atelier, est fille, épouse ou mère, et que, si elle n’est encore que jeune fille, elle doit être envisagée comme devant ou pouvant devenir un jour épouse et mère. Partant, la condition de la femme qui travaille a sur l’organisme social tout entier une répercussion physique et morale que l’on peut qualifier de formidable. Pour ceux donc, et ils sont encore heureusement nombreux, qui mettent la famille à la base même de la société, et qui ne comprennent pas une organisation quelconque de cette société sans une protection préalable et primordiale de la famille elle-même, il est logique de se poser la question suivante : dans le monde du travail, qui forme, en réalité, la majorité de la nation, quelle doit être la condition de celle qui est la pierre angulaire de la famille elle-même, c’est-à-dire de la femme, à travers les circonstances économiques nouvelles, créées par l’évolution industrielle et scientifique contemporaine ?

Or la femme d’aujourd’hui qui travaille soit de façon manuelle, soit de façon intellectuelle, soit des deux à la fois, pour gagner sa vie, qu’elle soit ouvrière, employée, ou adonnée à une carrière libérale, ne peut être située dans la société que si on