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soit par son expérience personnelle, ce qui vaut souvent mieux, possède déjà quelques données sur l’offre et la demande en ce qui concerne le travail féminin, sur les divers systèmes de travail, sur sa durée, sur la journée normale et légale, sur le travail supplémentaire, le travail de nuit, le travail à domicile, sur le repos quotidien et hebdomadaire, sur la rémunération du travail, sur la différence entre le salaire des deux sexes, sur les fluctuations du salaire, sur l’écart entre le salaire et les besoins de l’ouvrière, sur les causes de l’infériorité du gain du salaire féminin, sur la nature du travail intellectuel, industriel, agricole, qui peut être accompli par la femme. Chacun aussi a des opinions faites sur l’hygiène indispensable aux travailleuses, sur les accidens auxquels elles sont exposées, sur la nécessité pour elles d’éviter les milieux malsains. Nous n’insisterons pas non plus sur les dangers formidables que courent la femme et la jeune fille, au point de vue moral, dans les conditions, actuelles du travail féminin.

On voit par cette simple énumération combien sont complexes les problèmes soulevés par la question du travail féminin, et combien les femmes ont besoin d’être soutenues dans la défense de leurs intérêts, souvent sacrifiés, hélas ! dans l’âpre lutte des appétits modernes. Nous en donnerons comme exemple l’hostilité des ouvriers eux-mêmes, qui fréquemment excluent les femmes de leurs syndicats par crainte de les voir amener avec elles un avilissement des salaires.

D’éminens écrivains dont on ne saurait trop louer l’ardeur et la compétence, des sociologues, des philanthropes nous découvrent chaque jour, en des tableaux navrans, les plaies du travail féminin. Puis, chacun prône son remède, ne s’appliquant guère d’ailleurs qu’à quelques cas isolés ou particuliers. Nombreuses en effet sont les œuvres d’assistance ou de prévoyance, destinées à améliorer le sort de l’ouvrière, à lui procurer, dans de bonnes conditions, le travail, le vivre et le couvert, depuis la maison de famille jusqu’au restaurant à bon marché, depuis l’atelier de chômage jusqu’à la société de secours mutuels. Mais on ne peut n’être frappé du caractère de dispersion et de divergence que présentent tous ces efforts isolés qui, dans certains cas, arrivent quelquefois à se nuire les uns aux autres. Aussi convient-il d’examiner s’il n’existe pas une institution propre à centraliser tous ces efforts sur certains points déterminés,