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Ici même, un aperçu a été donné sur les avantages et le fonctionnement des institutions de l’Abbaye[1] qui répondent si admirablement aux besoins de notre temps. Elles ne cessent chaque mois de grandir et de se développer. Il n’est pas une des œuvres, pas un des rouages que nous venons de décrire qui ne commence à y fonctionner. Cinq syndicats y sont en plein épanouissement : institutrices privées, dames employées du commerce et de l’industrie, ouvrières de l’habillement, syndicat du ménage, gardes-malades diplômées de la famille. Autour de ce noyau, d’autres syndicats sont en préparation. Ils augmenteront peu à peu le nombre des branches de ce grand arbre sous lequel viendront se mettre à l’abri, au sortir des patronages, tant de jeunes filles abandonnées au moment où elles ont le plus besoin d’appui. Depuis quelques mois, des sections syndicales, reliées au siège central, ont été organisées dans diverses parties de Paris et de la banlieue, principalement dans les quartiers industriels et commerçans. Sous peu, plusieurs de ces sections deviendront elles-mêmes des syndicats autonomes qui seront reliés également à l’Union centrale. Il en résultera un vaste réseau qui s’étendra jusqu’en province et qui arrivera ainsi à coordonner une foule de bonnes volontés et d’efforts aujourd’hui dispersés.

Un point sur lequel nous désirons insister, et c’est là une conclusion pratique et réconfortante de cette étude, est la facilité qu’il y a à créer un syndicat professionnel. Cette considération est importante surtout pour la province, où l’on n’a pas toujours d’aussi abondantes ressources, en agglomérations et en personnel, qu’à Paris. Il suffit, en effet, de savoir déterminer, d’après le milieu où l’on se trouve, quel sera le prétexte le plus favorable pour organiser un groupement professionnel. Dans telle ville ce sera un bureau de placement dont le besoin se fera sentir dans la catégorie des ouvrières de la couture, ou dans celle de la lingerie. Ailleurs, une personne de bonne volonté ouvrira des cours professionnels de comptabilité, d’anglais, de sténo-dactylographie, pour les dames employées, caissières, comptables, vendeuses. Quelques professionnelles viendront s’inscrire et le syndicat sera créé, en attendant le restaurant coopératif, les caisses de chômage et de retraites et

  1. Voyez Œuvres sociales des femmes, par Paul Acker, dans la Revue du 1er août 1907, p. 634 et suivantes.