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d’autres institutions qui se succéderont ensuite a leur heure.

Dans une autre ville, ce sera une école d’enseignement ménager qui formera à la cuisine et à l’hygiène, familiale ou domestique, aussi bien les jeunes filles de toutes classes qui désireront se perfectionner dans cette branche, que les institutrices qui recherchent le diplôme d’enseignement ménager, ou encore les servantes en quête de place, mais dépourvues de formation professionnelle.

Tout, d’ailleurs, n’est-il pas prétexte à groupement pour les jeunes filles ? Une salle, louée ou prêtée d’abord une fois par semaine, quelques divertissemens de bon aloi, un piano pour les accompagner de musique, — car il faut à la jeunesse des fêtes et de la gaieté, — une maison de campagne pour les dimanches de la belle saison, que de prétextes à réunion vite trouvés ! Et si, là. quelques personnes de la même profession se mettent à causer de leurs intérêts communs, de la difficulté à se procurer de l’ouvrage, de la faiblesse de leurs salaires et des besoins que chacune ressent de se perfectionner dans son métier par les conseils d’une compagne, voilà le syndicat fondé. Les formalités de dépôt légal des statuts sont en effet d’une facilité trop grande pour qu’il y ait même lieu de s’y arrêter.

On nous a cité en province des jeunes filles d’une situation aisée qui, désireuses de faire le bien, se sont vaillamment installées comme secrétaires de syndicats féminins et y rendent d’inappréciables services. Puisqu’en France tant de femmes ne peuvent plus dépenser leur activité au sein d’ordres religieux aujourd’hui dispersés ; puisque l’habit religieux est devenu une cause d’ostracisme, non seulement dans les hôpitaux et dans l’enseignement, mais un peu partout, pourquoi ne pas utiliser le zèle de tant d’âmes éprises de cet idéal qu’on appelle la folie du sacrifice, idéal qui, grâce à Dieu, resplendit et resplendira encore longtemps aux yeux des femmes françaises ? Pourquoi ne pas utiliser tant de bonnes volontés dans ces formes légales et modernes des associations professionnelles où l’étendue du bien à faire est illimitée ? Nous appelons de nos vœux le moment où, dans les écoles libres de tous les degrés, on enseignera aux jeunes garçons et aux jeunes filles les bienfaits de l’association constituée sous la forme syndicale, et les avantages qu’il est permis d’en retirer aux divers points de vue économique, professionnel, social et moral.