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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Il est fâcheux que ce soit toujours M. Jaurès qui pose des questions au gouvernement, ou qui l’interpelle sur les affaires du Maroc. M. Jaurès le sent lui-même et se plaint de l’isolement dans lequel on le laisse, en quoi il a à la fois tort et raison. Il a raison, parce que les incidens qui se produisent au Maroc mériteraient souvent une discussion plus ample ; il a tort, parce qu’il ne comprend pas que le genre d’intérêt qu’il leur porte, c’est-à-dire le parti pris avec lequel il les exploite au profit de ses thèses favorites, décourage les autres orateurs d’associer leur action à la sienne. M. Jaurès est compromettant, même lorsqu’il est dans le vrai, ce qui lui arrive de temps en temps. Voilà pourquoi on le laisse seul dans ces questions ou ces interpellations sur le Maroc, qu’il multiplie d’ailleurs d’une manière désordonnée. Ses discours se précipitent, courant les uns après les autres. Des manœuvriers plus habiles choisiraient et attendraient leur moment ; mais ces manœuvriers, s’ils existent, ne peuvent pas choisir, sûrs qu’ils sont d’avance que M. Jaurès ne choisira jamais, et qu’ils l’auront toujours à côté d’eux comme un compagnon encombrant et suspect. Aussi s’abstiennent-ils le plus souvent, tandis que M. Jaurès ne laisse pas passer iine occasion de parler.

C’est ce qui vient d’arriver, une fois de plus, à propos de l’incident d’Azemmour, que nous résumerons en peu de mots, tous les journaux en ayant déjà parlé. Azemmour est situé à proximité de Mazagan, sur la rive gauche et à l’embouchure de l’oued Oum-er-Rbîa. Le général d’Amade a jugé à propos, pour des motifs qui restent en partis inexpliqués, de pousser une reconnaissance de ce côté, afin, a-t-il dit, d’assurer ses communications avec Mazagan. Tout le monde reconnaîtra qu’il avait un intérêt éident à le faire : mais, d’autre part, ses