d’ensemble, l’aspect de l’édifice qui était là, sur ce soubassement dévasté, — de ce célèbre temple d’Olympie qui passait pour une des merveilles de l’Hellade ?… Les archéologues ni les architectes ne sont embarrassés pour répondre. Ils composent de belles planches coloriées, ils restituent de fond en comble et dans le plus petit détail. Mais, tout de même, on se délie, on reste incrédule. Quelle impression aurait faite sur nous, hommes du XXe siècle, ce temple stuqué, avec ses métopes, ses frontons et ses tuiles de marbre, ses peintures polychromes, ses applications d’or et de métaux ?… Je n’en ai qu’une idée confuse, — et je frémis, en me rappelant maintes églises italiennes également stuquées, dorées et mises en couleurs.
Quant à la statue chryséléphantine de Zeus, le chef-d’œuvre de Phidias, que l’on gardait au fond de la cella, derrière une tapisserie assyrienne, nous sommes encore réduits à des conjectures. Les descriptions d’auteurs anciens, les monnaies et les répliques ne nous donnent que les linéamens de l’effigie. En tous cas, la conservation de cette œuvre compliquée et de substance si délicate devait être un problème, un souci de tous les instans. On était obligé, paraît-il, de l’arroser d’huile pour que la chaleur de l’Altis ne fit pas éclater l’ivoire, et le liquide répandu se recueillait à la base du socle, dans une margelle en marbre de Paros. Il est vrai que c’était une coutume dévote, dans l’antiquité, d’oindre et de beurrer le visage des idoles, aux jours de fête. Cela ne choquait pas les anciens. Mais nous, modernes, nous eussions été fort surpris, je pense, devant un piédestal trempant dans un bain d’huile d’olive et devant une tête de Jupiter toute luisante de graisse.
Ajoutons que l’autel du dieu était un véritable bûcher, un brasier perpétuel enveloppé de fumées, entouré de flaques de sang et nageant dans les effluves gras des viandes rôties. Les vestiges en sont parfaitement reconnaissables aujourd’hui. Rien de plus primitif. L’autel proprement dit reposait sur une substruction en maçonnerie, de forme ellipsoïdale, et qui mesurait environ cent vingt-cinq pieds de circonférence. C’était un énorme tas de cendres et de charbons, exhaussé par les résidus et les ossemens des victimes et enduit de boue desséchée, sorte de mortier qu’on diluait dans l’eau de l’Alphée. Les bêtes étaient tuées en bas sur une plate-forme ménagée à cet effet, et, par des escaliers pratiqués à même la cendre, on portait