qui est charmant (et encore faut-il, comme moi, débarquer d’Egypte, à l’époque de la canicule, pour en goûter tout le charme) ! Mais si nous sommes francs, nous avouerons que, de cet art classique, nous ne pouvons guère aborder avec une relative assurance que la seule statuaire. Elle se livre plus facilement peut-être que l’architecture, trop éloignée de nos styles modernes et d’ailleurs trop mutilée par le temps, pour que nous en prenions une idée suffisante.
J’y réfléchissais, en contemplant, du portique d’Echo, quelques bases de statues disséminées parmi des débris informes. Ces blocs écornés, où se distinguent encore les caractères des inscriptions dédicatoires, c’est tout ce qui rappelle les innombrables statues cataloguées par Pausanias et qui faisaient de l’Altis un musée incomparable. Toutes les époques de l’art, toutes les écoles de sculpture s’attestaient ici par d’authentiques échantillons. On pouvait embrasser l’évolution entière de la plastique dans sa riche variété, cette variété qui déconcerte nos systèmes lorsque les hasards d’une fouille nous obligent à constater chez les artistes grecs une liberté d’inspiration, une fantaisie imprévues.
Au lieu de ce musée naturel et si copieux, nous n’avons plus, pour notre édification, que les salles indigentes du Syngrion, le musée artificiel construit sur l’autre rive du Cladéos. Encore que les prétentions architecturales en soient déplorables, il ne vaut ni plus ni moins, en soi, que les autres bâtisses du même genre. Presque rien de ce qu’on y voit n’est placé comme il convient. Les conditions de la vision étant changées, la physionomie des objets exposés se modifie, s’altère d’une façon déplaisante ou ridicule. Ainsi les frontons du temple de Zeus ! Toute cette vaste composition était faite pour être considérée de loin, pour pyramider de haut. On nous la montre maintenant à hauteur d’appui. Ce rapprochement, contraire à la volonté des sculpteurs, supprime la part d’illusion nécessaire aux effets de la plastique. On comprend bien que ce sont là d’admirables morceaux, mais il faudrait un peu de recul et d’espace, pour pallier la dureté des lignes, la raideur et la lourdeur archaïques des formes et des ensembles. L’Apollon qui se dressait au