Ce service d’éclaireurs permettra d’obtenir des renseignemens d’un certain ordre, mais qui ne permettront que rarement de fonder sur eux une opération.
Les ballons dirigeables en donneront de plus complets, surtout lorsqu’ils seront pourvus de projecteurs électriques, car la cible considérable qu’ils offrent à l’artillerie les obligera à s’approcher pendant la nuit. Encore faudra-t-il un personnel très exercé à l’observation de jour et de nuit. Elle est difficile, quand les objets sont vus sous des angles aigus. Aussi serait-il fort utile que, lors des grandes manœuvres, un personnel spécial fût exercé à l’observation et aux comptes rendus, au moyen des ballons captifs.
Pour obtenir des renseignemens plus complets et encore à défaut de ballons, il faudra déchirer les rideaux. Le combat seul le permettra. Le commandement examinera si le résultat possible vaut les sacrifices probables. Mais voici le combat décidé. Comment sera-t-il mené ?
Alors, disent les partisans de la vieille tactique, se produiront les chocs de cavalerie contre cavalerie. Il faut s’assurer la maîtrise du terrain qui sépare les deux armées et prendre dans toute la zone des opérations la supériorité matérielle et morale.
Acceptons cette idée. Est-il donc nécessaire, pour atteindre ce résultat, de ne le chercher que dans le succès des évolutions et des charges ? Ce serait là un moyen fort aléatoire vis-à-vis d’un adversaire dont les cavaliers font trois ans de service et qui vont disposer de 510 escadrons, contre nos 356 escadrons, et 316 si nous ne comptons pas ceux du 19e corps qui seront probablement fort occupés en Algérie. C’est une supériorité numérique de 194 escadrons. Il faut donc admettre que, sauf dans des cas exceptionnels, notre cavalerie rencontrera un adversaire numériquement très supérieur. N’est-il pas dès lors évident que, dans le combat à cheval, le succès devient problématique, car il appartient généralement à la dernière réserve lancée dans la mêlée.
Mais si notre cavalerie agit par le feu, il en ira autrement. Si elle reste à cheval, la cavalerie ennemie, même très nombreuse, sera impuissante contre une faible cavalerie rompue au combat à pied. Celle-ci la chassera de tout le terrain battu par ses feux et, en progressant d’échelons en échelons, l’obligera à se retirer derrière son infanterie. Il est probable qu’alors la