Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/732

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été portée au-devant du 12e corps saxon, le village de Saint-Privat eût été pris ?

Mais le combat à pied n’entrait dans les vues, ni de la cavalerie autrichienne, ni de la nôtre, et cependant, ces deux cavaleries avaient eu les exemples de la guerre de Sécession. Rappelons, en quelques mots, deux des principaux. La différence des procédés est si frappante qu’elle dispense de tout commentaire.

Le 18 octobre 1864, à dix heures du matin, la bataille de Cedar Creek était considérée par les fédéraux comme définitivement perdue. Leurs troupes, désorganisées par une retraite de 15 kilomètres, ne tenaient plus nulle part. Le général Sheridan, avec toute la cavalerie disponible, avait été envoyé au loin dans la contrée du Blue Ridge. Il entend le canon, il accourt. Sa cavalerie met pied à terre, forme ses lignes de tirailleurs, attaque les retranchemens que le général Sarly construisait à ce moment pour s’assurer la possession du champ de bataille ; il les escalade et précipite les confédérés dans la vallée du Cedar Creek. L’infanterie fédérale reprend courage, se porte en avant. La victoire est passée dans ses rangs.

La bataille de Five Forks, en avril 1865, fut également désastreuse pour les troupes du Sud, par suite du mouvement de Sheridan, qui, avec une force considérable de cavalerie, tourna leurs positions et installa sur leurs communications une puissante mousqueterie et du canon.

A la suite de cette défaite, le reste de l’armée du Sud remonta l’Appomatox pour reprendre la route de Danville, mais elle fut devancée par la cavalerie de Sheridan à Farmville. Sa ligne de retraite était coupée. Le général Ewel, cerné, capitula et, le 9 avril, le général Lee, commandant en chef les forces confédérées, dut subir le même sort.

Les carabines de la cavalerie du Nord avaient décidé les dernières victoires.

Dans les opérations contre les chemins de fer, le feu avait été constamment employé. Sur ce sujet, les remarquables campagnes de Stuart sont classiques ; nous n’y reviendrons pas. Plus récemment, pendant la guerre russo-japonaise, le général Mitchenko exécute une opération de cet ordre qui échoue, disent les rapports, parce que les cavaliers n’ont pas de baïonnettes. Nous verrons plus loin que les Allemands sont en train d’en donner à leur cavalerie. Il faut convenir que les Russes